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Crédit photo : Samuel Aranda
Ce n’est pas un euphémisme de dire qu’avec la démocratisation d’internet et des réseaux sociaux, nous sommes inondés d’images et autres contenus interactifs au quotidien. Tout un chacun peut utiliser son téléphone, appareil photo, ou caméra pour mettre en ligne sa perception de tel ou tel événement.
La sélection effectuée par le World Press Photo est aux antipodes de cette avalanche d’informations: les photos témoignent de l’imposant travail des professionnels de l’actualité, et la sélection rigoureuse des organisateurs permet de souligner l’importance de ces photoreporters de grand talent qui mettent leur vie au service de l’information.
World Press Photo, organisme basé à Amsterdam aux Pays-Bas a tout de même reçu plus 101 254 images de 5247 photographes de 124 pays. De cela, 161 photographies de 57 gagnants ont été sélectionnées et ce sont elles que l’on peut admirer dans le magnifique espace du Marché Bonsecours.
Raconter le monde
L’exposition est selon son porte-parole, le journaliste Dennis Trudeau, «un arrêt sur image et un moment privilégié de réfléchir sur l’actualité internationale». À déambuler dans la galerie, la force du portrait éclate tout de suite. Ces hommes et ses femmes de partout dans le monde touchent une corde sensible, sans compter les événements ou les endroits où ils ont été immortalisés.
Alors, l’actualité des douze derniers mois? Bien sûr, il y a eu le printemps arabe, le tsunami dévastateur et l’explosion de la centrale nucléaire de Fukushima au Japon, la guerre qui continue encore et toujours en Afghanistan, mais aussi la Russie, l’Ukraine, la Chine, la Suède ou l’Inde, autant d’endroits qui sans être des zones de conflit, demeurent des points névralgiques soit par leur puissance d’évocation, soit par les individus qui les rendent vivants.
Un total de 161 photos, pour 9 catégories: nature, arts et spectacles, portraits, vie quotidienne, sujets contemporains, sports, spots d’information et protagonistes de faits divers. Une immersion au plus près du monde. Le seul Canadien dans la course est Donald Weber de la VII Photo Agency. Ses quatre photos prises dans une salle d’interrogatoire en Ukraine lui ont valu le 1er Prix Reportages dans la catégorie «Portraits».
Chaque photo est là pour raconter une histoire, les anglophones parlent de storytelling, d’ailleurs Ed Kashin, président du jury de la section Multimedia du World Press 2011, lui même multirécipiendaire de la compétition explique que «la plupart du temps, les photos du World Press sont le fruit de mois et même d’années de travail et recherche», il évoque d’ailleurs le concept de «visual narrative» pour qualifier le métier de photoreporter.
World Press Photo: 3 expos pour 1
C’est la seconde année que le World Press Photo est organisé par les Productions Foton, OBNL qui a su redynamiser la formule qui semblait un peu éculée lors de ses dernières éditions au Musée Juste pour rire. L’an dernier, ce sont plus de 32 000 personnes qui se sont déplacées dans le Vieux-Montréal, un grand succès qui prouve que le public n’a pas peur de s’attarder sur le travail de photoreporters professionnels.
Sauf que les Productions Foton vont plus loin encore, et présentent en parallèle deux autres expositions qui méritent à elles seules le déplacement : Rouge2 revient sur la contestation étudiante des derniers mois et installe côte à côte du contenu et des images provenant de citoyens et des médias professionnels. Prolongement parfait à l’actualité internationale, Rouge2 nous replonge au cœur du printemps érable.
Anthropographia a pour sujet les droits humains dans le monde et les photoreportages qui y sont présentés sont autant instructifs que dérangeants. Cette exposition au carrefour de plusieurs disciplines présente une sélection d’excellents photo-documentaires, venus d’agences et de journalistes parmi les plus reconnus à l’international.
Mais ce n’est pas tout! Trois conférences publiques sont organisées au Collège Dawson. Gratuites, elles donneront à voir la vision de trois photographes. D’ailleurs, ce soir, vendredi 7 septembre, à 18 h, Ed Kashin s’entretiendra (en anglais) avec Dennis Trudeau sous le thème: «Nouvelles pratiques et états des lieux en photojournalisme».
World Press Photo, du 7 au 30 septembre 2012 de 10h à 22h au Marché Bonsecours (325, de la Commune Est). Prix: 8 $ – 12 $.
*Samuel Aranda a remporté le Prix World Press Photo de l’Année 2011 pour ce cliché d’une mère qui réconforte son fils de 18 ans blessé lors d’une manifestation le 15 octobre 2011 à Sanaa, capitale du Yémen. Cette photo a une puissance d’évocation extrêmement puissante, et présente une vision intime des événements du printemps arabe et parle de la douleur de toute une région, de tout un peuple qui essuie des pertes pour se faire entendre.
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de la rédaction