MusiqueCritiques d'albums
The Flaming Lips élargit considérablement son répertoire en appelant une grande diversité de groupes à la rescousse pour livrer The Flaming Lips and Heavy Fwends, un disque majoritairement détonnant.
Avec la folie des covers qui continuent de perdurer en parallèle, un autre phénomène musical reprend de l’ampleur en étant beaucoup plus intéressant puisque plus créatif. On parle de celui des collaborations. Si les artistes qui ne font pas appel à des amis ou collègues pour enjoliver leur propre album sont de moins en moins nombreux, on voit de plus en plus d’albums concepts qui sont uniquement composés de ces collaborations, et c’est entre autres ce qui définit la plus récent offrande des Flaming Lips.
Du coup, comme on peut s’y attendre, notre appréciation des morceaux, à défaut d’aimer le groupe au départ, dépendra plus ou moins de notre appréciation de celui-ci ou de l’artiste qui collaborera à la chanson en question. Par exemple, un fan conquis par Bon Iver ne peut définitivement pas trouver une meilleure chanson sur l’opus que «Ashes in the Air», soit celle à laquelle il a collaboré. Un titre aussi mystérieux que mystique, qui hypnotise entièrement durant ses magnifiques six minutes, poussant le groupe à un niveau pratiquement spatial. Une continuité bien en lien avec leur plus récent disque, Bon Iver, Bon Iver, qui s’était avéré beaucoup plus expérimental que le premier.
Toutefois, un tel concept permet également de faire découvrir de nouveaux groupes comme c’est souvent le cas, ce qui ne peut faire que le bonheur de l’auditeur.
Par exemple, «Helping the Retarded to Know God», en plus d’avoir probablement le titre de chanson le plus sympathique de l’album, confirme l’intérêt de conserver un certain respect envers Edward Sharpe and the Magnetic Zeros. Cette douce ballade folk, ponctuée élégamment à la guitare s’immisce en nous grâce à son ingénieuse montée toute en émotions. Même chose pour «Is David Bowie Dying?» qui fait la part belle à Neon Indian.
Il faut donc saluer la diversité du disque plus que sa cohérence. Si on ne peut cacher ses airs de compilation, étant donné qu’il n’y a pas vraiment de liens communs de chanson en chanson, on peut apprécier sans mal la richesse des morceaux. Plus hypnotisante que planante, notre écoute est constamment mise à l’épreuve, alors que les très nombreux et très différents chemins nous mènent vers des territoires souvent inattendus.
La chanson d’ouverture, «2012 (You Must Be Upgraded)» évolutive en tout point, détonnera certainement sans nécessairement imposer dès le départ notre appréciation momentanée du disque. De son côté «Children of the Moon», irrésistible chanson pop super relaxante avec sa trompette, donne envie de se trouver un feu de camp non loin, alors que «That Ain’t My Trip» nous force à dodeliner de la tête sans retenue.
Par contre, «Tasered and Maced», «Supermom Made Me Want to Pee», «You, Man? Human???» ou encore «Girl, You’re So Weird» demandent certainement plus d’une écoute pour être mieux apprivoisées; mais la bonne nouvelle, c’est qu’il n’y a pas vraiment de chansons qui sont à éviter, tout dépendant de votre ouverture musicale. Si on ne veut pas nécessairement tout réécouter tout de suite, on a néanmoins des vagues d’envie soudaine d’en retrouver des passages qui nous ont plus marqués que d’autres.
Certes, on garde en tête les chansons de Bon Iver et celle d’Edward Sharpe and the Magnetic Zeros, mais également le disque pour ces excellentes possibilités de découvertes en attendant le prochain «véritable» album des toujours surprenants The Flaming Lips.
Appréciation: ***
Crédit photo: Warner Music
Écrit par: Jim Chartrand