Le retour d’Uberko avec «Sea Belt» – Bible urbaine

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Le retour d’Uberko avec «Sea Belt»

Le retour d’Uberko avec «Sea Belt»

L’attente en valait le coup!

Publié le 26 juillet 2012 par Émilie Langlois-Pratte

Crédit photo : http://uberko.bandcamp.com/album/sea-belt

Les pieuvres humaines existent! C’est vrai; Marc-Olivier Morin, mieux connu sous le nom d’Uberko, en est la preuve bien vivante. Musicien et artiste électronique multidisciplinaire (auteur-compositeur, arrangeur, chanteur, claviériste, séquenceur, pianiste, guitariste), en plus de faire de l’animation, du design graphique, du stop motion et du sampling, il travaille parallèlement sur des projets de théâtre et sur des trames sonores de film. À travers toutes ces disciplines, allez savoir comment, il a trouvé un peu de temps pour livrer à ses admirateurs impatients son troisième album tant attendu, Sea Belt.

À la base, Uberko devait d’abord être son projet solo. Mais, bien vite, son talent suscita l’intérêt de plusieurs musiciens qui, suite à la composition et à l’enregistrement de son tout premier album Empire, empire, se sont joints à lui pour en faire le lancement. Accueilli à bras ouverts par les consommateurs de musique, il a connu un bien joli succès. Moins d’une année seulement après la sortie, une deuxième offrande plus éclatée, On Air, a été proposée aux auditeurs sous la forme d’un EP, et ces derniers ont même eu la chance d’entendre au petit écran l’extrait «Jump in the Water» dans la populaire série télévisée Tout sur moi.

Pour son nouvel opus, notre Montréalais de souche a décidé de revenir à la formule solo et de puiser son inspiration et son énergie aux sources d’un périple dans les villes nordiques. Sea Belt est une belle continuité de son aventure, il fait d’ailleurs preuve d’une nouvelle maturité et d’une complexité qu’on ne lui connaissait pas, en plus d’une majestueuse sensibilité qui est au cœur de tous ses projets. C’est le genre d’album qu’il faut écouter avec ses écouteurs dans les oreilles, les yeux fermés et étendu sur son lit pour être bien certain de ne rater aucun détail; il jongle minutieusement avec une impressionnante banque de sonorités qu’il essaie de créer lui-même pour produire une véritable authenticité. Chaque son a sa place, il n’y en a jamais trop.

D’emblée, Uberko nous submerge (et ce n’est pas peu dire) d’intenses émotions et de magnifiques agencements de sons électroniques à l’écoute de ses compositions à tendance pop intimiste et dansante. La voix et les paroles ne sont plus qu’accessoires, fondent parmi l’instrumental, et deviennent elles-mêmes des instruments. Il est difficile de deviner de quel sujet il est question dans les textes abordés, ce qui rend ses compositions plus abstraites et accessibles, laissant place à l’imagination. De façon complémentaire, la musique vient rendre l’émotion voulue. Sea Belt est l’amalgame de l’ambiance expérimentale-progressive qu’émane la formation Sigur Rós et le timbre vocal intense et désarmant de Thom Yorke, leader du célèbre groupe Radiohead. Il est d’ailleurs bien évident que le band fait partie de ses inspirations; il avoue à l’équipe de Bande à Part que son engouement pour la musique électronique lui est venu de leur album Kid A.

Parmi les titres forts de l’œuvre, l’auditeur retrouve le véritable optimisme de Marc-Olivier  dans le morceau joyeusement cadencé «Beat the Bees, Beat the Bears», mettant en évidence une eurythmie de cuivres pouvant faire penser à un départ vers une aventure ou une quête. Dans cette composition, la voix est beaucoup plus audible. Dans un autre ordre d’idée, la douce berceuse «Lost but Safe»  dépeint avec des sonorités plus métalliques un univers davantage stellaire, qui peut presque faire oublier la loi de la gravité l’espace d’une écoute.

Le tube «Because you are, Because you’re not» à la saveur pop et naïve est certainement le titre le plus accessible parmi l’ensemble, dont la mélodie et le tempo font écho au groupe The Postal Service. Le même leitmotiv revient à travers la ballade «You».

Comble du cuteness et de la fierté d’être papa, Uberko fait une ode rapsodique émouvante à son tout nouveau fiston dont il lui attribue son prénom, «Léon». Le morceau est probablement aussi expérimental et complexe que l’aventure de devenir père.

Bref, l’attente du troisième opus en valait bien la peine. L’œuvre, créée sur de solides bases de connaissances ainsi qu’avec un amour constant et passionnel pour la musique, est à la hauteur de ce qu’on peut s’attendre d’Uberko et surpasse même ses précédents albums. Il est bien difficile de ne pas tomber sous le charme. Le tout donne un ensemble magique, unique et complètement à part.

Sea Belt vient récemment d’être lancé dans la vieille capitale au bar L’ÉTABLI le 12 juin dernier et certains fans espèrent toujours, dans un futur rapproché, qu’il viendra faire vibrer leur cœur sur l’île de Montréal prochainement.

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