LittératureRomans québécois
Simon-Pierre Pouliot, dit Vic Verdier, récidive avec Le Moderne Cabaret, un second roman humoristique et rempli de belles promesses. Suite réaliste et dramatique de L’appartement du clown, paru en 2010 chez XYZ, le livre met à nouveau en scène Vic, Oliver, Jas, Fred, Douze, Claude, Papi Verdier et Le Clown, les personnages qui ont coloré, par leurs aventures rocambolesques, l’avenue Casgrain, à Montréal.
Trois ans plus tard, les péripéties qui ont tombé telle une tonne de brique dans l’existence des personnages de L’appartement du clown ont inévitablement dispersé les inséparables du 5161B, avenue Casgrain. En effet, Ken Oliver, ce jeune ex-mannequin homosexuel défiguré par les Demon Riders pour sa culture de cannabis, s’est envolé anonymement vers le Chili pour retracer Douze, alias Xavier Inocencio Izquierdo, l’heureux élu d’un magnifique vignoble construit avec de l’argent volé. Déchiré, Oliver s’est inventé une seconde personnalité, Féo, qui signifie «laid» en espagnol. Jas, Le Clown et Claude, pour leur part, poursuivent leur destinée, alors que Vic Verdier, lui, ce narrateur-personnage qui a toujours aimé apostropher son lecteur en lui adressant personnellement la parole, a démarré sa petite entreprise; il a en effet fondé Le Moderne Cabaret, rue Notre-Dame. Mais qui dit entreprise, dit équipe, et qui dit équipe, dit inévitablement gaffeur. Et, cette fois-ci, le gaffeur est Raoul, qui a misé tout son avoir, y compris les clés du cabaret, lors d’une stupide partie de poker. Résultat, M. Sourire, l’arnaqueur, fait une visite-éclair à Vic et le fait canter sur le pas de sa porte en lui exigeant une superbe somme de 60 000 $ par année, comme dédommagement pour leurs erreurs passées. Et la jolie Fred, merveille russe avec laquelle Vic partage sa vie, devient plus mystérieuse que jamais. Le couple Verdier-Fredorovna serait-il en train de battre de l’aile quelques mois avant leur emménagement dans leur petit nid d’amour?
Toujours aussi rocambolesques, les péripéties qui pleuvent à grosses gouttes dans ce récit, dont la forme rappelle celle d’un scénario de film, apportent dynamisme et rebondissements à une histoire qui manque un peu de punch. Simon-Pierre Pouliot, au grand bonheur de ses lecteurs, n’a pas délaissé sa plume accrocheuse et ses gags tordants, qui avaient d’ailleurs fait le charme du roman L’appartement du clown. Seulement, le temps a passé, et, voilà, les personnages ont évolué, mais peut-être pas comme on l’aurait souhaité. Plutôt que de faire rire, le récit d’Oliver, par exemple, tend à devenir long parce que peu probable, mais au moins les problèmes qui surviennent dans la vie de Vic Verdier nous font sourire, parce qu’ils nous rappellent ceux d’Un petit pas pour l’homme de Stéphane Dompierre.
Sympathique, Le Moderne Cabaret plaira assurément à ceux qui ont dévoré le premier roman, car sensiblement pareil, mais sans doute quelques-uns se questionneront sur l’utilité d’avoir imaginé une suite à cette histoire. Loin d’être un roman soporifique, ce deuxième essai d’un auteur fort talentueux aurait gagné, en somme, à se la jouer plus réaliste que humoristiquement improbable.
«Le Moderne Cabaret»
Les Éditions XYZ
290 pages
26 $
Appréciation: ***
Crédit photo: Les Éditions XYZ
Écrit par: Éric Dumais