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Le récit est plutôt classique: Simone doit rejoindre son fiancé qui travaille à Singapour, mais des complications retardent son vol jusqu’au lendemain matin et elle doit passer la nuit à Los Angeles. Errant entre les rêves brisés et les espoirs sans succès qui habitent la célèbre ville, elle déambule dans une L.A. méconnue qui est loin de raviver l’idée paradisiaque qui est habituellement entretenue.
Loin d’atteindre l’hilarité de Bikur Ha-Tizmoret (La visite de la fanfare) de Eran Kolirin, dont la prémisse se basait sur le même type d’attente suite à un malentendu, on pense ainsi immédiatement à Lost in Translation de Sofia Coppola. La façon qu’a Caldwell de filmer la lassitude d’ailleurs se rapproche certainement du travail de la cinéaste. Nathalie Fay, qui incarne le protagoniste du film qui nous intéresse, a par ailleurs eu une petite apparition dans le Somewhere de la réalisatrice, à l’exception d’être loin d’avoir le charisme d’une Scarlett Johansson ou d’une Kirsten Dunst. Il est donc ardu dans le premier tiers de s’attacher à ses allées et venues compte tenu de sa nonchalance.
Toutefois, l’équilibre est rétabli dans la seconde moitié du film lorsqu’un mystérieux motard au charme magnétique fait son apparition. Grâce à une performance tout en contrôle et en confiance du séduisant Karl E. Landler, le film trouve enfin son rythme et complexifie son observation sans compromis de Los Angeles. Au fur et à mesure que nos deux personnages font connaissance et qu’ils approfondissent leur propre historique, on se laisse emporter dans cette romance camouflée, qui rappelle toutes sortes de films basés sur le même canevas et se déroulant en moins de 24 heures, dont Le temps de l’aventure de Jérôme Bonnell.
D’ailleurs, s’il ne joue pas sur l’incompatibilité des langues comme le film de Bonnell le faisait en opposant Emmanuelle Devos à Gabriel Byrne, il a néanmoins le mérite singulier de tourner son film américain entièrement dans la langue de Molière. Cela ajoute donc un double dépaysement supplémentaire qui offre indéniablement charme et audace.
Avec son ambiance hypnotisante et sa façon de filmer les nuits américaines évoquant le cinéma de Nicolas Winding Refn (Drive, Only God Forgives), Layover surprend à défaut de transcender. Une petite découverte qui laisse espérer toutes sortes de possibilités pour les deux suites qui devraient, si tout va bien, constituer une trilogie tout ce qu’il y a de plus intrigante.
À noter que lors des deux projections présentées au Cinéma du Parc, une première le samedi 11 octobre à 21h40 et une seconde le lundi 13 octobre à 13h, une bonne partie de l’équipe devrait être sur place pour répondre aux questions des cinéphiles.
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