Littérature
L’écrivain québécois Patrice Robitaille a publié cette année aux Éditions David Le cartel des volcans, un roman dont nous avons fait la critique l’été dernier sur Bible urbaine. C’est sur le ton de la conversation et avec beaucoup de générosité que l’auteur nous a parlé de son parcours littéraire.
Né à Québec, Patrice Robitaille est un auteur québécois qui publie en Ontario. Titulaire d’un doctorat en linguistique, il a exercé, entre autres, les métiers d’enseignant et de bibliothécaire avant de devenir registraire dans un cégep de Montréal. L’auteur a grandi dans un milieu favorable au développement de son goût pour la littérature, et il nous apprend qu’il écrivait de la poésie dans sa jeunesse. Impossible de ne pas lui faire remarquer le lien que nous faisons avec les élans poétiques qui traversent Le cartel des volcans, un récit qui raconte la descente aux enfers d’un jeune narcotrafiquant. «L’écriture poétique dans ce roman était intentionnelle. D’ailleurs, je suis dû pour un recueil de poésie, je voudrais en soumettre un d’ici deux ans», précise-t-il en souriant.
Pourtant, Patrice Robitaille se décrit comme un conteur avant tout. Il a raconté des histoires à ses enfants quand ils étaient petits et dans les classes, quand il était bibliothécaire. Il en a écrit aussi et certaines ont pris le temps de mûrir pendant des années, jusqu’au moment où l’auteur a pris conscience de l’importance de les coucher sur papier «parce qu’on vieillit», dit-il sans amertume, en faisant un simple constat. On comprend que l’écriture de Patrice Robitaille correspond à un besoin profond quand il nous confie qu’«écrire, c’est faire quelque chose qui nous permet d’être qui l’on est».
Le déclic, l’écrivain l’a ressenti pendant des vacances au Nouveau-Brunswick, sur une plage, entouré de sa famille. Il s’est mis à travailler sur ce qui allait devenir Le chenil (paru aux Éditions de l’Interligne en 2010) et il a terminé son manuscrit en une semaine! «Le livre est sorti d’un jet, mais je le portais en moi depuis dix ans», précise-t-il.
Patrice Robitaille en est à son troisième roman publié depuis 2010. «Il faut une grande part de réflexion pour donner naissance à un livre, explique-t-il, je peux l’écrire vite parce que je suis très structuré. Il faut un plan de travail, le début et la fin de l’histoire, puis je fais mes recherches pour le remplissage. De plus, j’ai une écriture dense et courte.»
Le chenil est un roman jeunesse portant sur un sujet sérieux. «Je voulais montrer ce qu’est la guerre à travers les yeux d’un enfant, mais c’est aussi un message d’amitié», explique Patrice Robitaille. L’histoire se passe à Espanola, une petite ville du Nord de l’Ontario qui a abrité un camp de prisonniers allemands pendant la Seconde Guerre mondiale, mais aussi où a grandi l’écrivain. Une suite de ce roman est en préparation et paraîtra l’an prochain.
Les thèmes de prédilection de l’écrivain sont l’enfance et les liens du sang. Cela a donné naissance à deux livres graves et touchants. Mais il est aussi capable de changer de registre, avec pour preuve L’homme qui mangeait des livres, paru en 2010 aux Éditions de l’Interligne. «Ce livre sur le milieu de l’édition est à lire au second degré, c’est un clin d’œil au métier de bibliothécaire en même temps qu’une réflexion sur la dure réalité du monde de l’édition», souligne l’auteur, tout en regrettant que certains lecteurs aient pu le lire au premier degré. Le dernier chapitre a été écrit en hommage à l’éditeur et écrivain français Robert Laffont, un homme exceptionnel, selon Patrice Robitaille, et avec qui il avait longuement discuté de littérature et d’édition, en 1996, lors du Salon du livre de Québec.
Si Patrice Robitaille porte longtemps ses livres en lui, Le cartel des volcans a été néanmoins écrit dans une certaine urgence, en réponse à une actualité. Ainsi, l’écrivain a su dès le drame de San Martin, au Mexique (l’explosion d’un pipeline au cœur de la ville, en décembre 2010), qu’il raconterait une histoire basée sur cette catastrophe. Il voulait comprendre comment quelqu’un pouvait devenir narcotrafiquant sans penser aux conséquences de ses gestes. Le personnage principal du roman, le jeune délinquant Juan Esteban, incarne la confiance de l’auteur dans les capacités que nous avons tous de prendre conscience de nos actes et de changer. Pour Patrice Robitaille, il est important d’essayer de trouver des réponses pour guérir, et la littérature est un moyen d’y parvenir.
Bibliographie
The Hippotamus in the Rain, roman jeunesse, autopublié en 2005.
Le chenil, Éditions de l’Interligne, 2010, finaliste au Prix littéraire du Gouverneur général du Canada en 2010, dans la catégorie littérature jeunesse.
L’homme qui mangeait des livres, Éditions de l’Interligne, 2010, lauréat du Prix de littérature éclairée du Nord en 2011 (Service des bibliothèques de l’Ontario-Nord).
Le cartel des volcans, Éditions David, 2013, finaliste au Prix de littérature éclairée du Nord 2013 (Service des bibliothèques de l’Ontario-Nord).
Crédit photo: Caroline Legouix
Écrit par: Caroline Legouix