L’album homonyme de Lescop: néo-noir – Bible urbaine

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L’album homonyme de Lescop: néo-noir

L’album homonyme de Lescop: néo-noir

Publié le 29 novembre 2012 par Simon Fortin

Nouveau venu sur la scène musicale française, Lescop remet au goût du jour un  son synthpop typique des années 1980. Issu d’un groupe punk, Mathieu Lescop se réclame du son des Britanniques David Bowie et Ian Curtis (Joy Division). Il ne délaisse toutefois pas ses origines françaises, en s’inscrivant dans une longue tradition d’artistes de la new wave francophone (Téléphone, Taxi Girl, Indochine).

Ces dix dernières années, nous avons vu la naissance de plusieurs groupes qui effectuent un retour au son des années 80. Nous en sommes au point où plusieurs artistes de l’époque effectuent un comeback, pas toujours réussi, au nom de la nostalgie. Les nouveaux groupes qui essaient de percer dans le genre sont donc trop nombreux et on se lasse parfois de ce son surfait. C’est dans ce contexte difficile que Mathieu Lescop (anciennement du groupe punk Asyle) lance son disque homonyme sur le label britannique Pop Noire Records. Pari réussi.

C’est d’abord le son qui accroche à l’écoute de «La Forêt», première pièce de l’album (lancée comme single en 2011). Froid, synthétique, rythmé parfois violent mais toujours très pop. Les rythmes sont toujours accrocheurs et le son reste léché malgré les notes angulaires du synthétiseur. En ce sens, Lescop reprend le son post-punk qu’on entend souvent dernièrement: basse accrocheuse, accords de synthétiseur en arrière-plan et effets d’écho et de textures sonores bien maitrisés. Les paroles cinématographiques nous plongent dans l’ambiance glauque de l’album: «Un coup de feu dans la nuit / Une douleur glaciale qui s’élance / La Forêt soudain qui frémit / Puis s’installe le silence».

Lescop chante avec une voix jamais forcée qui rappelle énormément celle de son compatriote, Étienne Daho. Impossible en fait de ne pas faire le parallèle avec le crooner français des années 80. Surtout dans la chanson «Le Mal, mon ange», où il chante en duo avec une chanteuse, un peu à la manière du fameux duo Serge Gainsbourg-Jane Birkin, ou plus récemment Étienne Daho-Charlotte Gainsbourg. La ressemblance est frappante à l’écoute de pièces plus calmes comme «Hypnose» ou «Slow Disco». Sa voix est douce, son chant, nonchalant, et la manière de déclamer les paroles s’apparente parfois plus au spoken word qu’à la chanson.

L’artiste se réclame d’ailleurs du cinéma et de la poésie (il cite le poète Baudelaire et le cinéaste Louis Malle comme influences pour son écriture) avec des paroles dramatiques, sombres et très imagées. Les textes, très bien écrits, nous font voyager intérieurement. Les thèmes de la ville et du voyage reviennent régulièrement avec des pièces comme «Ljubijana» (village Slovène), «Los Angeles», «Tokyo, la nuit» et «Paris s’endort». Plusieurs villes que le chanteur n’a d’ailleurs jamais visitées, mais qu’il campe comme le théâtre de scènes imaginaires. On visite, l’espace d’un instant, les rues de Los Angeles ou un bar gay dans le Tokyo des années 1950, évoquant l’œuvre de l’auteur japonais Yukio Mishima (Confession d’un masque).

Les pièces de ce disque sont hyper accrocheuses et on se prend à les fredonner bien longtemps après les avoir écoutées. Si vous en avez assez de naviguer dans cette mer d’artistes qui récupèrent les recettes à succès des années 80, sans finesse ou originalité, Lescop est le remède pour vous. C’est un vent de fraicheur dans un genre surfait et malheureusement souvent bâclé ou superficiel. Un début très prometteur dont on attend la suite avec impatience.

Appréciation: ***1/2

Crédit photo: Pop Noire

Écrit par: Simon Fortin 

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