Entrevue avec le chanteur français Lescop – Bible urbaine

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Entrevue avec le chanteur français Lescop

Entrevue avec le chanteur français Lescop

Dans le cadre de sa venue aux FrancoFolies de Montréal

Publié le 20 juin 2013 par Éric Dumais

Crédit photo : DEP/Universal Music

Premier artiste à avoir trouvé sa niche chez le label Pop noire en 2012, Matthieu Lescop, qui nous a présenté le 16 octobre dernier un premier album homonyme torsadé d’influences cold wave et de chanson française, vient présenter avec son band, dans le cadre des FrancoFolies de Montréal les onze pièces qui composent cet opus tant louangé par la critique.

«Lescop est un projet qui colle bien à mon histoire. Avec Asyl, on était davantage dans un chaos rock pas contrôlé, c’était bien, on avait 20 ans, mais j’ai voulu plus, j’ai cherché autre chose, une autre manière de tout faire, et de chanter.» Et c’est la nostalgie de la pop française des années 80 qui l’a rejointe, avec son bagage d’influences allant d’Étienne Daho à Taxi Girl. Mais les associations sont trop faciles et Lescop se compare plutôt à la vague musicale actuelle qui ravage les oreilles des mélomanes en France, parmi laquelle on retrouve La Femme et Mustang, par exemple. «Je m’inscris uniquement dans cette tradition-là sans y adhérer pour autant. Des artistes comme Georges Brassens ou Léo Ferré m’ennuient carrément. J’avais en tête, avec Lescop, de penser la chanson française, de lui attribuer une touche d’esthétisme contrôlé, quelque chose de plus sexy, quoi».

Si ses paroles et ses mélodies cold wave nous paraissent d’emblée douces et feutrées à l’oreille, Lescop ne cache pas pour autant son désir de se radicaliser en douce sans pour autant provoquer le scandale autour de lui. «On peut être radical sans agresser les gens. Après tout, un coup de griffe est encore plus évident derrière une caresse, là où la peau est bien tendre». Ce peintre des mots, qui multiplie les métaphores au rythme de son allocution, avoue sans pudeur aucune s’inspirer des relations amoureuses désastreuses qu’il a connues par le passé pour donner le ton à ses textes noirs et poétiques à la fois. «Ce sont des thèmes universels, je ne m’adresse pas à une personne en particulier. On a cette facilité déconcertante de parler des gens qui nous attirent et qui, en même temps, nous font du mal. Mais on se laisse aller pareil, ça fait mal, mais on se laisse aller quand même.»

L’auteur japonais Yukio Mishima n’a pas directement influencé l’écriture de ses textes, mais il avoue avoir été fasciné par le personnage. «J’aime ses nouvelles, mais particulièrement son roman Confession d’un masque. Même si c’était un personnage controversé, c’était un grand romantique, un être de souffrance qui essayait de vaincre sa peine par son travail esthétique. Il était forcément mal dans sa peau, mais il a réussi à faire de sa vie un poème, une existence à travers laquelle il se sentait bien. Ce sont des défauts sympathiques et c’est ce qu’il voulait être.» Si Lescop s’est seulement inspiré de la démarche artistique d’une de ses idoles, il avoue avoir davantage misé sur une esthétique intimiste et anglo-saxonne, laquelle vient un peu contrecarrer le côté «chiant» de la chanson française. «Les groupes québécois sont bons, car ils font la musique qu’ils on envie de faire, celle qu’ils aiment. En France, on ressent toujours le poids de la nostalgie.»

L’artiste français n’a pas encore idée du tournant qu’il pourrait ou non entreprendre avec son prochain album, parce contre, il a affirmé devoir un jour «décliner le verbe Lescop pour qu’il soit conjugué à d’autres temps. Car ça ne sert à rien de vouloir tout changer, il faut savoir élargir le spectre», nous confie-t-il, l’air penseur mais maître de ses mots.

Lescop sera de passage aux FrancoFolies de Montréal ce soir à 22h et ce vendredi à 20h sur la Scène Loto-Québec à l’angle des rues De Montigny et Clark.

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