«Le malade imaginaire» au Cabaret le Lion d’Or: un hommage raté pour Jean-Baptiste Poquelin – Bible urbaine

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«Le malade imaginaire» au Cabaret le Lion d’Or: un hommage raté pour Jean-Baptiste Poquelin

«Le malade imaginaire» au Cabaret le Lion d’Or: un hommage raté pour Jean-Baptiste Poquelin

Publié le 10 août 2012 par Justine Boutin-Bettez

C’est au Cabaret le Lion d’Or que la troupe de théâtre La Compagnie de la lettre 5 présentait, mardi dernier, sa version multimédia du Malade imaginaire. La dernière pièce de Molière (et non la moindre), dans laquelle le dramaturge interprétait le rôle d’Argan quelques heures avant sa mort, à 51 ans, était mise en scène par René Migliaccio, qui assurait aussi la direction artistique. Le metteur en scène a déjà, entre autres, adapté une production multimédia de La métamorphose de Kafka.

Un lyrisme oratoire de Molière

Le malade imaginaire allie la finesse et l’expression purement comique des farces écrites par Molière, dans un style vibrant et énergique qui se prête parfaitement à l’expression d’idées. Dans cette production, la Compagnie de la lettre 5 mêle aux calembours du théâtre de Molière la création multimédia. La distribution comprend le fondateur de la compagnie de théâtre, Jean Charles Fonty, ainsi que Pascale Brochu, Catherine Brunet, Stéphanie Ribeyreix, Denis Harvey, Rémy Ouellet et Jean-Philippe Richard.

Rions d’un vieux gâteux et des prodiges médicinaux

Le malade imaginaire aborde le destin tragi-comique de douze personnages, avec comme toile de fond les rivalités sociales. Le personnage du médecin, traité de façon satirique, s’exprimant dans un jargon compris de lui seul, contraste avec l’entourage d’Argon qui, bien qu’impressionné, peine à assimiler ce langage. Les grandes pensées viennent du cœur… du cœur d’un médecin!

La lettre 5 revisite Le malade imaginaire en s’inspirant de la tradition de la Commedia dell’arte, en y ajoutant des masques italiens. Ces masques en questionnent le côté expérimental et l’univers mystique dans lequel la gestuelle du corps est à l’honneur. C’est dans cet esprit que les comédiens de la Compagnie de la lettre 5 ont réussi à nous faire rire de la mort… ou nous rendre morts de rire, à certains moments clés du spectacle.

Au théâtre les mots sont l’expérience du corps et de la voix de l’acteur, transformés en machine prodigieuse et frissonnante de sens. Le corps est expression et raisonnement. La voix et les corps étaient laissés pour compte dans un esprit dramatique en mille éclats, mille états planant au-dessus de nos têtes. Ce n’était pas un jeu de corps de la part de la Compagnie de la lettre 5, mais une tentative illusoire de l’expressionnisme intellectuel. Des légions de bras s’élançaient dans tous les coins de la salle, sans atterrir nulle part. Des mains se déchirant les entrailles du non sens. Intuition brusque et mal sentie. Des cheveux sur un oreiller plat. En effet, plusieurs passages démontraient un certain dilettantisme. Il y avait là une stylistique expressionniste, certes, mais non maîtrisée des couvre-chefs. Des reliques discordantes qui ne cadraient en rien avec le naturel du jeu de l’acteur.

En revanche, le rythme gagnait en rapidité et se jouait sur l’intensité, ce qui amenait une montée dramatique plus noble et intelligible.

Enfin, le malade imaginaire est une crise de conscience, entre le devoir et la passion. En fait, une terrible résolution dans un combat de volontés adversaires et complètement antagonistes. Nous aurions aimé voir l’impulsion des cœurs face aux lois rationnelles. Les personnages de premier dégageaient une émotivité neutre. Une adaptation maladroite d’un souvenir classique admirable.

Appréciation: **

Crédit photo: La Compagnie de la lettre 5

Écrit par: Justine Boutin-Bettez

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