SortiesCirque
Crédit photo : Errisson Lawrence
Dans Totem (2010) et Amaluna (2012), les histoires étaient bancales, voire volontaires écartées. Le Cirque du Soleil préférait mettre de l’avant des numéros de cirque forts, apposés les uns aux autres. C’est d’ailleurs la forme habituelle de la majorité de ces spectacles performances.
Dans Toruk, c’est le contraire. L’histoire, celle des Na’vi et de l’oiseau rouge et jaune qui règne dans le ciel de Pandora, monopolise les 35 acrobates et artistes sur scène du début à la fin. Les spectateurs sont donc invités à suivre cette histoire durant l’entièreté du spectacle. De ce fait, les performances sont malheureusement noyées dans l’histoire qui valorise une immersion narrative forte au profit des numéros de cirque.
C’est un changement d’habitude pour les spectateurs. Alors, soyez avertis: il y a peu de performances, mais beaucoup de sons et de lumières.
Des projections, de la musique et des costumes avant tout
Michel Lemieux et Victor Pilon, les auteurs, metteurs en scène et réalisateurs multimédias du spectacle ont véritablement mis de l’avant les projections lumineuses, qui sont à couper le souffle, au détriment des performances artistiques. D’ailleurs, dès les premières minutes, les vagues, le feu et les lucioles qui illuminent le Centre Bell renversent les spectateurs. Diverses techniques sont employées afin d’imiter parfaitement la lave en ébullition, les tremblements de terre, ou encore les ombrages d’oiseau. C’en est ahurissant!
La musique de Bob & Bill s’avère singulière, joliment interprétée et ajoute un dynamisme essentiel à cette création. Et même si la grande majorité des pièces est enregistrée et non diffusée en direct, on l’apprécie tout autant. De plus, la chamane, aussi chanteuse principale, est présente sur la scène à quelques reprises. Sa puissance vocale éblouit et envoûte certainement les spectateurs.
Les costumes de Kym Barrett amènent une immersion encore plus grande chez le public. Les tissus bleutés moulent les corps des acrobates de manière à imiter parfaitement la peau des Na’vi. On croirait presque que de véritables créatures autres qu’humaines sont sur la scène. Aussi, il faut mentionner le travail méticuleux et sublime associé aux divers animaux présents dans la production. Les tortues, chiens-loups et ptérodactyles sont réalistes et impressionnants.
Des performances limitées et une histoire qui s’essouffle
L’histoire de Toruk est trouée et mal narrée. En fait, il faut souvent déduire ce qui se passe puisque le narrateur ponctue la prestation de quelques interventions complexes et difficiles à suivre. Par exemple, on ne comprend pas ce qui se passe lors des initiations. Aussi, la présence furtive et inutile d’un arbre qui réconforte les héros, en première partie, reste incomprise.
La mise en scène est confuse. Les acrobates et circassiens sont partout, diluant le centre d’intérêt des spectateurs. On ne sait pas où regarder. On dirait une fourmilière. Les artistes sautent, montent sur des lianes, bondissent sur des trampolines et, durant ce temps, la chamane crie à gorge déployée. Il y a tellement d’action et de danse acrobatique sur scène qu’on ne saisit pas que l’un des premiers numéros principaux se déroule sur une structure en bambou. En somme, ce sont des numéros plutôt moyens, qui n’ont rien d’extraordinaire. Rien ne lève véritablement. Sauf, peut-être, l’arrivée des Adkami; des hommes-plantes magnifiquement costumés qui dansent sur l’île centrale. C’est le moment le plus complet de la soirée.
En définitive, Toruk déçoit de par ses longueurs, le peu de disciplines circassiennes utilisées et la mise en scène éparpillée. En fait, il s’agit d’une mégaproduction qui minore le cœur même du Cirque du Soleil: le cirque. Alors, si vous recherchez une expérience complète et variée, abonnez-vous plutôt à la TOHU pour une année au même prix qu’un billet de Toruk! Mais si vous êtes un amateur inconditionnel des Na’vi et des spectacles hauts en couleur qui mettent de l’avant des costumes fantastiques et une trame sonore impressionnante, rien ne vous empêche d’assister à Toruk.
Finalement, ne téléchargez pas l’application mobile créée spécifiquement pour le spectacle. On n’y comprend rien et elle vous fera perdre patience.
Le spectacle «Toruk – Le premier envol» est présenté au Centre Bell jusqu’au 3 janvier 2016.
L'événement en photos
Par Errisson Lawrence
L'avis
de la rédaction