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Crédit photo : Melika Desaulniers
Ce soir-là, juste après des problèmes de son à l’animation, le rappeur Cyrus, qui prévoit sortir son premier album d’ici un an, a offert trois pièces en guise de première partie. Bien que ses textes ne recèlent pas d’images aussi fortes que celles de Manu Militari, ils ne sont pas mauvais. Cyrus a aussi une bonne prestance, mise en valeur par les spectaculaires effets d’éclairage de la soirée. Difficile toutefois de rallier une salle lorsqu’on s’introduit sur la scène d’un passionné de la langue comme Manu Militari par les refrains en anglais et que l’on y est accompagné par des partenaires qui pianotent sur leur cellulaire en pleine prestation.
Mais les cafouillages ne se sont pas arrêtés avec l’arrivée de l’artiste principal. On peut souligner, il est vrai, le fait que Manu Militari préfère la simplicité et la spontanéité à la tendance à surjouer l’image du rappeur. Mais un contraste demeure étonnant entre le contenu si soigné des textes et son attitude cabotine et improvisée. De plus, bien que cet artiste ne soit pas le seul chanteur à donner tout ce qu’il a en hurlant du début à la fin, on peut se demander si cette approche est la plus favorable pour transmettre toute les nuances de son écriture.
Loquace, le chanteur demande plus d’une fois à ses spectateurs: «Vous êtes là ou pas?». Peut-être est-il habitué à une répartie plus vive lorsqu’il demande au public de terminer ses vers. Mais de la part d’auditeurs qui n’ont pu se procurer l’album que depuis deux heures et qui n’ont entendu que des nouveautés durant la majeure partie du spectacle, la réponse est déjà remarquable.
Sur d’autres aspects aussi, l’artiste n’est pas plus facile à suivre. Et avec un photographe toujours sur les talons, il arrête à plus d’une occasion durant une nouvelles interprétation pour mieux la reprendre, alors que «Grande plume» et quelques-uns de ses classiques ne sont interprétés qu’en partie durant le rappel, sans que l’on ne comprenne pourquoi. Parmi les multiples ajustements, on remarque, notamment dans «Peace And Love», que la coordination entre Manu Militari et Stan, son vieil acolyte de scène depuis Rime organisé, semble battre de l’aile.
Certaines autres pièces semblent néanmoins promises à un bel avenir, d’après ce que laisse croire la réaction de la salle, lors de «Dédicace» et «Volonté». Pour cette dernière pièce, dont les amateurs de YouTube ont déjà pu avoir un magnifique aperçu vidéo, l’engouement était à son comble. Vers la fin aussi, les amateurs ont eu la satisfaction de retrouver des airs connus et de chanter tous ensemble «Stérile comme une couille après une fellation», lors de «Ménage à trois».
Mais Manu Militari, malgré ses maladresses, demeure ce qu’il est et, avec lui, même parler de fellation n’est jamais vide de sens, ce qui laisse espérer que, malgré ce premier pas on ne peut plus hésitants, l’aventure d’Océan soit déjà porteuse d’un bel avenir.
Afin de connaître toutes les autres dates de prestation régionale, consultez sa page Facebook www.facebook.com/manumilitari.
L'avis
de la rédaction
Grille des chansons
1. Océan
2. Faire son shift
3. Amen
4. Manu Chula
5. La Descente
6. L'Alchimiste
7. Tout est dit
8. Peace ans love
9. Portrait de famille
10. Vivre et laisser vivre
11. Grande plume
12. Décicace
13. Volonté
14. Ours mal léché
Rappel
15. L'Attente
16. Voix de fait
17. Ryan
18. Ménage à trois
19. Automne 2005