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Lundi, l’homme-orchestre de 21 ans a d’entrée de jeu témoigné son amour à la ville de Gaspé et à ses habitants en plaçant la municipalité gaspésienne parmi les plus beaux endroits qu’il a visité jusqu’à maintenant. C’est d’ailleurs parce qu’il s’y sentait comme dans son village natal en Australie qu’il a voulu donner son maximum et offrir un spectacle plus que dynamique.
C’est pari réussi pour Kim Churchill, qui, dès les premières notes de «Rusted Walls», le morceau d’ouverture de son premier album, a vu une soixantaine de personnes se taire et être pendue à ses lèvres. Dégageant un charme fou, le chanteur a ensuite salué son public avec un «Bonjour Gasbay, je suis content ici. Oh, «d’être» was meant to be somewhere in there. Je suis content d’être ici», non sans un fort accent anglophone, devant un auditoire amusé mais satisfait. C’est également toujours en français que Churchill s’est efforcé de remercier les gens après chaque chanson, visiblement heureux que les Gaspésiens lui témoignent autant d’amour.
Mangeant des framboises sauvages sur la plage de Boom-Défense un peu plus tôt dans la journée, Kim Churchill a pu profiter du paysage et de la mer qui, selon ses dires, est la première qu’il voit depuis le début de sa tournée canadienne, débutée il y a deux mois et demi. Pour celui qui a grandi à côté des vagues, cela faisait du bien de se mettre les pieds dans l’eau à nouveau, malgré le fait qu’il l’a trouvée bien froide. Si les gens du grand Gaspé ont pu connaître tous ces détails, c’est parce que le jeune musicien a fait preuve d’une grande générosité en présentant ses chansons. Mais c’est peut-être aussi parce qu’il devait combler les vides pendant qu’il accordait sa guitare, presque après chaque morceau…
À jouer comme il joue, en se donnant comme il se donne sur scène, il n’est pas étonnant que Kim Churchill doive ré-accorder sa guitare aussi souvent. Pas surprenant, non plus, qu’il ait cassé 3 cordes au cours de la soirée. C’est qu’il joue avec tant d’ardeur et de passion que non seulement il est impossible de ne pas dodeliner de la tête ou de taper du pied avec lui – qui presse avec autant de dévotion les pédales de son bass drum – mais il est aussi impossible de ne pas remarquer sa chemise qui, au fil des chansons, devient de plus en plus trempée par la sueur.
C’est donc avec une ardeur peu commune que Kim Churchill a présenté presque la totalité de son premier album homonyme, ainsi que les succès de son second opus telles que «Bathed in Black», «Season’s Grind» et la chanson-titre, «Detail of Distance», sans oublier un morceau de celui qui «est reconnu pour ses chansons engagées et politiques, mais est beaucoup sous-évalué, selon lui, pour ses chansons d’amour»: Bob Dylan. Bien que plusieurs morceaux se ressemblent, de par leur rythme et les sonorités de l’harmonica brillamment joué par Churchill et amplifié par un micro souvent doté de distorsion, on oublie rapidement et on se laisse entraîner par la fougue du musicien qui donne un spectacle en soi à chaque nouvelle chanson, habitant remarquablement bien la scène, bien qu’il y soit seul (à l’exception de deux morceaux, où un ami trompettiste est apparu pour le soutenir).
Si c’est avec un dynamisme sans limite que Churchill a joué devant les gens de Gaspé, il a su également faire preuve de sensibilité en présentant des chansons comme «Smile As he Goes Home», dédiée à son grand-père, décédé il y a maintenant six ans, mais qui a pris un tout autre sens quand, il y a six mois, l’un de ses meilleurs amis est mort dans un accident de la route avec ses deux jeunes filles. Il a aussi fait preuve d’une grande nostalgie en livrant une chanson écrite à la fin du secondaire, alors que tous ses amis partaient à l’université dans l’espoir d’un métier sérieux, tandis que lui prenait la route pour vivre de sa musique.
Même si certains spectateurs à l’avant de la salle ont trouvé le spectacle un peu trop fort, tous ont été subjugués par l’habileté du musicien et les techniques employées pour jouer de son instrument. Il semble impossible d’exploiter davantage une simple guitare, mais Kim Churchill a réussi, à chaque chanson, à surprendre Gaspé, qui en a redemandé, debout, en tapant des mains, avec l’espoir d’un rappel. Personne ne semble avoir été déçu, encore moins Churchill, qui a démontré une fois de plus sa grande générosité, en signant autographes et en prenant des photos, le sourire aux lèvres. Un vrai sourire, témoignant la joie d’être comme chez lui, accueilli comme chez lui, apprécié comme chez lui.
Kim Churchill continue sa tournée canadienne jusqu’à la mi-septembre et reviendra à la mi-novembre jusqu’à la mi-décembre pour faire la tournée de plusieurs festivals.
Crédit photo: Alice Côté Dupuis
Appréciation: ****1/2
Écrit par: Alice Côté Dupuis