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Crédit photo : Marie-Eve Linck
Première surprise en arrivant dans la salle, il semblerait qu’à Montréal, Murphy est surtout connue et appréciée dans la communauté LGBT et peut-être même celle des clubbers. C’est bien dommage, car cette artiste mérite d’être reconnue d’un très large public, comme c’est le cas au Royaume-Uni. Même si elle donne dans le dance pop, elle ne se limite pas à quelques beats électroniques; ses chansons, tout comme celles de son ancien groupe, vont puiser dans le jazz, le funk et le disco, bref du dance bien plus complexe et original que la moyenne.
Ainsi, sur scène, en plus des ordinateurs et séquenceurs, se trouvait un band complet: batterie, guitare, basse et claviers, et pour certains morceaux, banjo et tam-tams! La fusion entre organique et électronique fonctionne à merveille ici.
Et puis il y a Róisín Murphy. Quelle présence! Quel charisme! Quelle artiste… Assister à un de ses concerts, c’est quasiment assister à une performance théâtrale. Tout d’abord, il y a eu des changements de costumes entre chaque morceau, évoquant tantôt un prêtre, tantôt un gars de la construction, ou encore quelque créature monstrueuse. C’est la Arturo Brachetti du pop dance! Elle se changeait rapidement de façon ingénieuse en quelques secondes, tout en chantant, pour des tenues souvent extravagantes et des couvre-chefs qui l’étaient encore plus. Lady Gaga n’a rien inventé. Et même les musiciens riaient par moments de ses costumes incroyables.
Puis Murphy est très théâtrale dans ses gestes, ses poses et ses expressions faciales. De plus, tout au long du concert, elle interagissait physiquement avec la foule qui en redemandait. Les gens chantaient en cœur avec elle et hurlaient à chaque changement de costume ou ajout d’un nouvel accessoire de scène. Il va s’en dire que ça criait beaucoup à l’Astral. L’énergie de Róisín Murphy est immense et contagieuse, elle a rempli la salle par sa présence.
La chanteuse semblait nourrie par les réactions de la foule; je le redis et le redirai, Montréal est un bon public. Róisín Murphy, c’est aussi une superbe voix, avec un timbre distinct et une capacité de se promener du grave à l’aigu. Elle a réussi toute la soirée à garder un grand contrôle sur sa voix, même lorsqu’elle bougeait. Franchement, c’était difficile de lui trouver des défauts sur scène.
Pendant la soirée, Murphy et ses musiciens accomplis ont alterné les morceaux de Moloko et ceux de la chanteuse solo, sans oublier de faire «Pleasure Seeker» en plus d’un clin d’œil à «Sing it Back» et en finissant sur un court morceau avec une keytar. Rien de moins. Des musiciens sérieux qui ne se prennent pas au sérieux, une ambiance festive et une foule qui est repartie chez elle, tout sourire.
Si vous avez la chance de voir Róisín Murphy un jour, n’hésitez pas, c’était un spectacle comme il s’en fait peu. De quoi faire réfléchir tous les faiseurs d’électro qui se présentent sur scène seul avec leur ordi…
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de la rédaction