Premier album homonyme de Marcie – Bible urbaine

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Premier album homonyme de Marcie

Premier album homonyme de Marcie

Grande et forte autant que fière

Publié le 3 mai 2013 par Alice Côté Dupuis

Crédit photo : Kézako

Après avoir lancé Les choses de la vie selon Marcie (2011), un maxi spontané et intimiste, l’auteure-compositrice-interprète Marcie réplique en offrant un premier album studio, cette fois complexe en termes d’arrangements et d’ambiances. Réalisé par Ludo Pin, l’album homonyme de la finaliste des Francouvertes 2013 propose une chanson française moderne aux textes poétiques qui révèlent l’interprète dans toute son intensité.

Si c’est avec son folk épuré que Marcie s’est d’abord fait connaître, plusieurs éléments qui ont croisé sa route ont grandement modifié sa façon de travailler, à commencer par sa collaboration avec Ludo Pin, d’abord à titre de guitariste, puis de réalisateur pour son premier album. Ce dernier s’est servi de son propre univers pour chambouler celui de Marcie mais de façon positive: on retrouve sur cet oeuvre homonyme des instruments divers qui confèrent aux dix pièces un son non seulement plus organique, mais également aux touches électro-pop-rock qui détonnent avec la douce voix de la chanteuse, tout en la supportant à merveille.

C’est l’entraînante «Sous le réverbère» qui ouvre de façon percutante cet opus, à l’aide d’une guitare électrique planante. Composée sur le bord de la mer à Natashquan en atelier avec Gilles Vigneault, cette chanson à la batterie et aux cymbales de Mathieu Vézio omniprésentes et bien rythmées met la table pour les autres pièces tout aussi dynamiques qui suivront. Parmi celles-ci, le premier extrait radio «Avant l’aube», qui installe une joyeuse ambiance avec les premières notes de l’ukulélé baryton employé par Ludo Pin. Très bon choix de single, la troisième pièce de l’album présente une très belle poésie et des hand claps qui ajoutent à son dynamisme. Mais c’est véritablement la petite touche de vibraphone de Joëlle Saint-Pierre, subtil mais bien présent sur quelques pièces, qui apporte un côté gai aux pièces de Marcie, malgré les sujets traités plus ou moins tristes, comme sur «La plus belle», seule pièce dont la musique est co-composée par les deux artistes féminines.

Les amours déçus sont indéniablement le thème récurrent de l’artiste originaire de Jonquière; on l’entend déjà sur «Poème», mais sa façon d’aborder le sujet, à l’aide de métaphores et de mots justes et bien posés, font qu’on se plait presque à être témoin de sa peine, tant elle est décrite de jolie façon. La manière qu’a Marcie de livrer ses histoires est unique, et devant l’intensité de son interprétation vocale, pourtant plutôt contenue, car bien encadrée par la régularité de la musique, on ne peut que se laisser transporter par ses mélodies, qui sont d’ailleurs plutôt accrocheuses. C’est qu’avec Marcie, même l’intimité devient grandiose, avec des chansons comme «Papillon Blanc», juste assez vaporeuse et vibrante d’intensité, avec ses envolées vocales soutenues par la contrebasse. «Une Rose», qui décrit de façon originale et très poétique l’histoire d’une fleur prise dans l’étal d’un fleuriste, possède une sonorité électrique qui, elle aussi, rend plus intense encore la sensibilité avec laquelle la chanteuse parle d’une fragile rose.

Si Marcie est moins anecdotique que Les choses de la vie selon Marcie, on retrouve sur ce premier opus officiel aussi des chansons humoristiques qui ajoutent au charme de la chanteuse, comme «Prends garde aux sirènes». Mais «Fais-moi pleurer», qui donne à la contrebasse apaisante de Simon Dolan ses minutes de gloire, est sans doute l’une des plus drôles, avec ses théâtraux «Aaah» de découragement, son piano désaccordé qui s’inscrit parfaitement dans l’ambiance de la pièce, et son intense et entraînante finale en chœur, durant laquelle Marcie peut se permettre d’être fidèle à elle-même et d’être plus ad lib avec sa voix. Sans oublier des paroles telles que «Fais-moi pleurer, que je m’amuse, que je dépense sans compter. La peine l’emporte sur la culpabilité. Que je rhabille mon égo à coup de robes, de talons hauts, fais-moi pleurer, j’ai rien à me mettre sur le dos!», cette quatrième chanson n’est pas toujours parfaite vocalement, mais a tout de même tout pour séduire.

Si quelques prononciations des «A» trahissent l’origine saguenéenne de la chanteuse et clashent avec sa sublime poésie, on l’oublie rapidement lorsque des pièces très senties comme «Novembre» et «Mercredi» se font entendre. Presque comme si on était seuls en studio avec eux, Marcie et sa guitare réussissent à installer une ambiance des plus intimes, qui se rapproche davantage du folk minimaliste du EP numérique. Si la voix casse ou tremble par endroits dans les notes hautes, l’interprétation sensible de la chanteuse prend le dessus sur les imperfections et fait en sorte que Marcie est un album très authentique. Également bien calibré en ce qui a trait aux chansons dynamiques, humoristiques ou intimes, l’opus démontre une Marcie plus forte et assumée qu’auparavant, dont elle peut être aussi fière que de son disque lui-même.

Marcie lancera son opus homonyme en primeur à Jonquière le 3 mai au Café-Théâtre Côté-Cour, puis officiellement le 7 mai au Cabaret Lion d’Or, date de sa sortie en magasin. C’est le 9 mai au Petit Champlain que l’album sera lancé à Québec, avant que l’artiste ne se mette à parcourir la province en spectacle. Toutes les dates sont disponibles au www.marciechante.com.

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