LittératureDans la peau de
Crédit photo : Julie Artacho
Jeanne, c’est un plaisir de poursuivre la discussion avec toi! Te souviens-tu, en août 2023 on avait jasé de Jouer à la cachette, ton tout premier roman feel good sorti aux Éditions Hurtubise? De primo-romancière à auteure à part entière – il faut dire les choses comme elles sont! – l’inspiration a suivi son cours depuis notre dernière rencontre! Mais avant qu’on en dise plus, dis-nous donc: comment as-tu vécu la sortie de cette première œuvre, et quel accueil le public t’a-t-il réservé?
«Mon premier roman a reçu un très bel accueil! C’est notamment ce qui m’a encouragée à rapidement plancher sur un deuxième! 😊 Les gens ont aimé plonger dans la nostalgie des années 1990-2000 et découvrir l’univers d’Ève.»
«On a beaucoup souligné mon style d’écriture fluide, facile à lire, et les touches d’humour aussi. Je ne peux qu’avoir de la gratitude pour cette première expérience de publication!»
Le 30 janvier, c’est au tour de ton second roman de voir le jour! Intitulé Maryline in Love, ce récit d’un réalisme vibrant met en scène Maryline, une courtière immobilière qui a plus que jamais envie de reconnecter avec sa féminité plutôt que de s’enliser dans une relation amoureuse qui ne lui convient plus. En effet, après cinq ans de relation avec Benjamin, elle réalise qu’elle ne se sent pas du tout prête à franchir un pas de plus – l’achat d’une maison, ce n’est quand même pas rien! – et elle préfère la rupture aux regrets, ainsi que la perspective d’un nouveau chapitre de vie à écrire… Comment t’est venue l’inspiration pour cette histoire à travers laquelle plusieurs vont se reconnaître?
«Maryline se trouve à un moment charnière de sa vie. Elle sort d’une relation de cinq ans où elle a mis de côté certaines de ses aspirations, et elle a besoin de cette rupture pour se redécouvrir. Ce qui m’a principalement inspirée, pour ce roman, c’est de montrer comment, à partir d’une rupture amoureuse, on peut se réinventer et chercher sa propre liberté.»
«Elle assume ses désirs, mais aussi sa vulnérabilité et sa fragilité malgré toutes les contradictions que ça peut occasionner! J’avais envie de raconter l’histoire d’une femme qui décide de plonger dans toutes ces facettes, sans compromis, et de mettre en lumière les apprentissages que ce cheminement peut occasionner.»
«Au-delà de l’amour, c’est aussi, et surtout, un roman sur la quête de soi.»
Ça reste tout de même un choix majeur d’avoir décidé de mettre fin à une relation comme celle avec Benjamin pour se lancer «dans cette vie exaltante» qu’est le célibat! Mais heureusement pour elle, Maryline semble avoir vite trouvé ses marques, en plus de s’épanouir – aux côtés de son amie Mel – avec qui elle court les «rencontres passionnelles dans les nuits animées de Montréal». Sauf que l’arrivée impromptue d’un certain Cédric, galeriste fort charmant par ailleurs, va confronter la jeune femme dans son désir de se sentir libre et affranchie de toute concession. Mets-nous l’eau à la bouche : dans quel état d’esprit ta protagoniste va-t-elle se retrouver lorsqu’elle va comprendre que sa liberté peut être (très) éphémère?
«Après sa rupture avec Benjamin, Maryline croise rapidement le chemin de Cédric. À ce moment, elle n’est pas prête à se réinvestir dans une relation sérieuse, mais ses sentiments vont un peu la trahir… 😉 Cédric incarne, pour moi, l’amour romantique qui bouleverse et qui fait questionner ses choix à Maryline. Vaut-il mieux rester libre et indépendante, ou se laisser emporter par cette nouvelle rencontre qui la chavire?»
«Pour Maryline, la difficulté réside dans le fait de parvenir à véritablement écouter ses aspirations personnelles, tout en étant confrontée aux sentiments d’affection et d’attachement qu’elle développe envers Cédric (et ce, bien malgré elle!) On assiste un peu à un débat entre la tête et le cœur.»
«À travers tout ça, elle jongle également avec la crainte de souffrir à nouveau – et si les sentiments de Cédric à son égard n’étaient pas réciproques? Bref, plein de beaux questionnements!»
Maryline est loin d’être la seule à avoir ressenti cet appel viscéral de ne rien se refuser, de découvrir qui elle peut être dans les bras d’un autre, de se réinventer, même. À notre époque, une rupture ou un divorce est un sujet beaucoup moins tabou qu’il y a quelques décennies, on s’entend. D’où penses-tu qu’il vient ce besoin qu’ont les gens de reconnecter avec leur soi et de vivre leur vie sans compromis?
«Quelle excellente question! Je pense, entre autres, que nous vivons à une époque où les normes sociales sont moins fixes et rigides qu’avant. Il n’y a pas si longtemps, le divorce ou la rupture étaient vus d’un mauvais œil et, dans certains cas, hors de question, car les femmes n’avaient pas les moyens financiers d’assumer leur indépendance.»
«Nous avons heureusement beaucoup progressé depuis, ce qui ouvre la porte à plus de liberté et, au final, d’épanouissement collectif!»
«Aujourd’hui, j’ai l’impression que les gens ont davantage le choix. Nous ne vivons plus des vies tracées d’avance où on doit absolument se marier, avoir des enfants, travailler de 25 à 30 ans pour la même compagnie jusqu’à la retraite, partir dans le Sud une fois par année…»
«Ça ouvre la porte à une foule de possibilités, dont celle de vivre selon nos propres valeurs et priorités personnelles. Je pense que plusieurs ressentent cet appel et se lancent!»
Et toi, aurais-tu le guts de faire comme ta protagoniste et de tout repartir de zéro, pour peut-être, qui sait, vivre ta best life? Tu as le droit de répondre «Mon Dieu, non, ô grand jamais!», tu sais!
«Comme Maryline, j’ai eu mes moments d’émancipation et d’exploration dans la vingtaine. J’en ai profité à fond et apprécié chaque seconde, mais je n’y retournerais pas! À mon avis, trop de liberté, c’est comme pas assez; on finit par se lasser et par avoir envie de s’ancrer.»
«Ma best life, je la vis aujourd’hui! J’ai un bel équilibre entre ma vie professionnelle et familiale (je suis maman de deux enfants). À travers tout ça, j’arrive à avoir mon indépendance, mes amies, et à faire avancer mes projets personnels, comme l’écriture. Alors, j’aurais effectivement tendance à dire «Mon Dieu, non, ô grand jamais! 😉»