«Dans la peau de...» André Martineau, réalisateur, chroniqueur et animateur féru d'histoire – Bible urbaine

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«Dans la peau de…» André Martineau, réalisateur, chroniqueur et animateur féru d’histoire

«Dans la peau de…» André Martineau, réalisateur, chroniqueur et animateur féru d’histoire

Et nouvellement auteur d'un livre... pour donner du relief au passé!

Publié le 11 octobre 2024 par Éric Dumais

Crédit photo : Julie Artacho

Chaque semaine, tous les vendredis, Bible urbaine pose 5 questions à un artiste ou à un artisan de la culture afin d’en connaître un peu plus sur la personne interviewée et de permettre au lecteur d’être dans sa peau, l’espace d’un instant. Aujourd'hui, on s'est glissé dans la peau d'André Martineau, un féru d'histoire qui collectionne les chapeaux de réalisateur, d'animateur de balado, de chroniqueur et qui vient d'en ajouter un tout nouveau à sa collection: celui d'auteur, puisqu'il a récemment fait paraître, aux Éditions Hurtubise, «L’Histoire ne s’arrête pas là: douze épisodes méconnus de l’histoire du Québec», un livre qui plaira assurément aux passionné∙e∙s d'histoire du Québec!

André, c’est un plaisir de faire ta connaissance! Tu es réalisateur, animateur et chroniqueur à Radio-Canada, et ce, depuis bon nombre d’années. Nos lecteurs et lectrices ont sûrement déjà entendu parler de toi, puisque tu as participé à diverses émissions telles que Macadam tribus, La sphère, Aujourd’hui l’histoire et À rebours, entre autres. Et on allait oublier: tu as également été chroniqueur pour les séries historiques MTL et Kébec à Télé-Québec. Parle-nous brièvement de ton parcours professionnel, et dis-nous donc si, depuis, tu as accompli ton rêve d’enfant!

«Certainement! En fait, j’ai collaboré à plein d’émissions au fil du temps, avec un penchant vers des contenus d’histoire depuis une douzaine d’années.»

«À côté de ça, la radio m’accompagne depuis le milieu de mon adolescence, je dirais. J’en ai fait à la fin de mon secondaire en Outaouais, quand j’animais une émission de rap et de trip-hop sur les ondes de CHUO, la radio de campus de l’Université d’Ottawa.»

«Puis, durant mes études en anthropologie à l’Université Laval, j’ai commencé à faire du reportage radiophonique pour CHYZ FM. C’est ce qui m’a permis de participer en 2007 à un concours de Radio-Canada qui s’appelait Radiomonde. C’était un genre de Course destination monde de la radio, pour lequel j’ai été envoyé deux mois en Asie. Ça a été mon début dans le monde médiatique…»

«Depuis j’ai touché à plein de choses, avec toujours un goût pour les sujets un peu marginaux, étonnants, off beat, qu’on dit aussi.»

Corrige-nous si on se trompe, mais… tu sembles être tout un passionné d’histoire, toi! La preuve, tu as créé L’Histoire ne s’arrête pas là, un balado fort intéressant et instructif de 35 épisodes que le public peut écouter en écoute libre sur Ohdio. Qu’est-ce qui t’attire autant dans l’histoire, et comment t’est venue l’idée de lancer ce balado, au sein duquel tu «dépoussières des histoires étonnantes pour nous les fait voir sous un nouveau jour»?

«Ce que j’aime de l’histoire, c’est qu’on y retrouve une source de connaissances et de réflexions sans fin. Même des événements qu’on croyait bien connaître ne cessent de nous étonner au fil du temps, avec la découverte de nouveaux documents, par exemple.»

«J’ai réalisé récemment une série sur la Conquête de la Nouvelle-France qui prend comme point de départ la bataille des plaines d’Abraham. On continue, aujourd’hui encore, de trouver de nouveaux écrits sur cette période, ce qui fait réaliser que l’histoire n’est jamais définitive.»

«En même temps, moi qui viens de la discipline de l’anthropologie et qui m’intéresse donc beaucoup aux aspects culturels et sociaux du passé, j’aime justement réaliser la façon dont l’histoire peut nous aider à sonder les mentalités d’avant et les façons de vivre qui, parfois, ne sont pas très éloignées de ce qu’on connaît aujourd’hui.»

«C’est un peu avec ces idées en tête que j’ai développé le balado L’histoire ne s’arrête pas là, vers 2018. Je me suis dit que j’aimerais trouver une manière de faire vivre l’histoire au moyen de récits engageants, mais aussi de la rendre humaine, ce qui implique d’aller voir ceux et celles qui ont un lien spécial avec le passé, que ce soit des spécialistes ou des gens normaux.»

«Parce que l’histoire ce n’est pas quelque chose de poussiéreux et d’ennuyant, bien au contraire.»

Le 3 octobre, les Éditions Hurtubise ont fait paraître ton livre, L’Histoire ne s’arrête pas là: douze épisodes méconnus de l’histoire du Québec, un ouvrage à travers lequel tu invites les passionnées d’histoire, comme toi!, à découvrir douze textes couvrant plus de 150 ans et où tu revisites «des faits divers et des épisodes savoureux de l’histoire du Québec». Dis-nous: est-ce qu’il regroupe, par écrit, des faits déjà abordés à l’occasion de ton balado, ou ce sont de nouveaux thèmes que les gens peuvent savourer, en complément? On est curieux de savoir ce qui t’a donné l’élan d’écrire ce bouquin!

«Oui, tout à fait! Les histoires qui se retrouvent dans le livre ont été traitées à travers les épisodes du balado. Mais selon moi, ce n’est pas redondant pour autant, car je les ai remaniées afin qu’elles soient plus qu’une simple transcription des épisodes et pour que l’expérience de lecture soit la plus agréable possible.»

«Aussi, en revisitant chacune des douze histoires, je n’ai pas pu m’empêcher d’ajouter de nouveaux détails et d’insérer des détours que je n’avais pu intégrer à l’origine. Parfois, l’audio oblige à beaucoup plus de concision que le papier, et j’en ai bien profité durant l’écriture de ce livre!»

«Pour ce qui est de la raison qui m’a poussé à écrire ce livre, c’est vraiment pour offrir une expérience différente. Souvent, les auditeurs et auditrices écoutent les histoires, apprécient les épisodes, mais ne retiennent pas tous les détails, parce qu’on fait souvent autre chose en écoutant des balados.»

«La lecture permet d’apprécier les récits différemment, en prenant son temps, en plongeant dans le livre au hasard, aussi.»

Ainsi, à travers cet ouvrage de 240 pages, tu pars de l’idée qu’on ne connaît pas si bien l’histoire du Québec que ça, car plusieurs événements et personnages importants ont été largement oubliés de la mémoire collective! En guise d’exemples, tu abordes l’attentat de la Gare Centrale de 1984, la grève du chocolat de 1947, de même que l’accident de voiture qui est survenu au début du mandat de René Lévesque, alors premier ministre, et qui aurait pu bien entacher sa carrière politique… Raconte-nous comment tu as choisi tes sujets de prédilection et la façon dont tu les vulgarises pour Monsieur et Madame Tout-le-Monde.

«C’est toujours délicat de parler de ma façon de sélectionner mes histoires, parce que je n’ai pas l’impression d’avoir une méthode en soi! En revanche, je suis guidé bien souvent par un élan ou un coup de cœur, si vous préférez. Si je tombe sur une histoire que je ne connais pas beaucoup et que j’ai le goût de la raconter à mon tour, généralement, c’est tout ce qu’il me faut pour la choisir. Il faut que je sois moi-même intrigué et étonné.»

«Je remarque aussi que je découvre plus facilement des histoires lorsque je suis plongé dans une recherche sur un autre sujet. Ce sont des découvertes collatérales, en quelque sorte. Également, de plus en plus, je reçois des suggestions du public, et ça, ça me fait plaisir, parce que ça me permet de voir que les auditeurs (et bientôt, possiblement les lecteurs) comprennent le genre d’histoires qui me branche.»

«Après, pour les vulgariser, le récit demeure, selon moi, toujours le meilleur véhicule. Une bonne histoire, bien racontée avec des revirements étonnants et des personnages hauts en couleur, il n’y a rien de mieux pour donner du relief au passé!»

Comme tu es un fana d’histoire et que tu t’intéresses forcément au passé, on a un petit jeu pour toi! Si on te dit que, là, maintenant, tu peux faire le souhait de vivre, l’espace de quelques heures, un événement historique qui a marqué l’histoire du Québec, lequel choisirais-tu et quel(s) grand(s) personnages(s) souhaiterais-tu rencontrer durant cette escapade digne de Back in the Future? Et n’oublie pas de revenir en 2024 après, car après ça, il n’y a plus de retour possible!

«Si je me restreins aux histoires présentées dans le livre, je pense que je choisirais le mois de septembre 1969 à Montréal, tout juste après l’explosion de la bombe à la résidence du maire Jean Drapeau (chapitre 12)! L’attentat n’a fait aucun mort, heureusement, mais on n’a jamais eu d’explications claires ou satisfaisantes à savoir qui aurait bien pu placer de la dynamite à cet endroit.»

«C’est une époque où le contexte était survolté, avec des manifestations à répétition, des grèves, dont celle de la police et des pompiers) des attentats… J’aurais bien aimé, à la manière du policier Robert Côté que j’ai interviewé, passer un moment dans le bureau du maire Drapeau, pour voir comment il composait sa ville en ébullition, qui il soupçonnait réellement d’avoir commis le geste à sa résidence…»

«C’est un moment qui me fascine. Bref, je pense que si j’avais la capacité de voyager dans le temps, je m’en servirais pour pousser encore plus loin mes enquêtes (rires).»

L’Histoire ne s’arrête pas là: douze épisodes méconnus de l’histoire du Québec d’André Martineau est présentement disponible en librairie au coût de 25,95 $ (papier) ou 18,99 $ (ePub et PDF). Pour découvrir nos précédentes chroniques «Dans la peau de…», visitez le labibleurbaine.com/nos-series/dans-la-peau-de.

*Cet article a été produit en collaboration avec les Éditions Hurtubise.

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