Comprendre la société suédoise à travers la fiction populaire de Stieg Larsson – Bible urbaine

Littérature

Comprendre la société suédoise à travers la fiction populaire de Stieg Larsson

Comprendre la société suédoise à travers la fiction populaire de Stieg Larsson

Des œuvres de fiction qui font évoluer notre vision de la société

Publié le 10 mars 2022 par Bible urbaine

Crédit photo : Dariusz Sankowski @ Pixabay

Comme au temps de Charles Dickens et de Victor Hugo, les blockbusters à portée sociale sont bel et bien à la mode. Et tout porte à croire qu’ils le resteront encore longtemps!

Même qu’ils sont devenus la façon dont nous, les adultes, lassés par les réformes de la santé, les crises bancaires ou les jeux de Roulette en ligne, formulons nos opinions sur le monde qui nous entoure.

Mais pourquoi prenons-nous la peine de lire ou de regarder ces œuvres de fiction populaire? C’est parce qu’à leur façon, elles participent à faire évoluer notre vision de la société.

En effet, on peut penser aux livres de la série Millénium par exemple, la série de romans policiers de l’écrivain suédois Stieg Larsson. Ce sont des bestsellers de plus de 600 pages vendus à des millions d’exemplaires chacun, qui nous offrent, à travers cette histoire haletant mettant en scène Mikael Blomkvist et Lisbeth Salander, une immersion réaliste et troublante dans une Suède contemporaine.

Alors que la plupart des critiques se sont déjà prononcés à propos de cette trilogie à succès sortie en Suède de juillet 2005 à mai 2007, l’écrivain et intellectuel péruvien Mario Vargas Llosa a récemment déclaré à la presse que les romans de Larsson, qu’il a dévorés, et avec raison, lui ont rappelé ce moment où, enfant, il s’asseyait pour lire des livres tels que L’Homme au masque de fer d’Alexandre Dumas.

Il a entre autres souligné qu’un roman réussi ne doit pas forcément être parfait. C’était une manière pleine de tact, de la part de cet homme de lettres, de dire que l’œuvre de Stieg Larsson, écrivain parti trop tôt à l’âge de 50 ans, n’était pas exactement de la grande littérature. Mais qu’on se le dise: il a su offrir quelque chose de supérieur à un simple divertissement!

Et les livres de cet écrivain suédois, qui n’aura pu constater de son vivant l’effet que Millénium aura produit sur des millions de gens, n’ont jamais, en soi, été destinés à devenir de grandes œuvres littéraires. Mais au niveau de la construction du récit, des portraits psychologiques des personnages et de la mise en place des différentes histoires en parallèle, on ne peut qu’admettre que c’est plus que réussi. L’un des grands attraits de cette série, c’est la façon dont l’auteur dépeint l’actualité suédoise à travers le métier de journaliste de son protagoniste, à coup de scoops.

En cela, Stieg Larsson a surpassé Hergé, créateur du reporter Tintin, car il a réussi à faire de son protagoniste Mikael Blomkvist un héros auquel il est facile de s’attacher pour tous types de lectrices et de lecteurs, tandis que le dessinateur belge, pour sa part, et malgré les nombreuses protestations de ses fans, a écrit tout au long de sa vie des bandes dessinées aux garçons.

Voilà l’une des grandes forces de Larsson: il a créé de son vivant une trilogie pour adultes tout à fait crédible, qui exprime une vision cohérente de ce que le monde, tel que nous le connaissons, pourrait être (ou devenir).

Quelques mots sur l’auteur…

Stieg Larsson, de son vrai nom Karl Stig-Erland Larsson, est né à Skelleftehamn, dans la région de Västerbotten dans le nord de la Suède. Cette figure peu citadine et limite asociale aimait néanmoins les activités de la classe ouvrière suédoise, comme boire de la bière et regarder le football. Il était également accro à la science-fiction.

Après avoir travaillé comme graphiste dans la très grande agence de presse Tidningarnas telegrambyrå, il a évolué comme journaliste, critique de littérature policière et de bandes dessinées avant de créer, en 1995, le magazine antiraciste Expo, fer de lance de la lutte contre les manifestations ordinaires du fascisme en Suède.

Son décès à la suite d’une crise cardiaque à un âge précoce, des mois après avoir remis les manuscrits de ces livres à son éditeur, ne semble pas avoir surpris ses amis, lesquels ont toujours été étonnés de son énergie, de sa capacité à se passer de sommeil et de ses excès «un peu scandinaves», dont la consommation de caféine, de cigarettes et de malbouffe…

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