Littérature
Crédit photo : Isabelle Léger
«Joséphine Baker» de Catel et Bocquet – Casterman
Née Freda Joséphine McDonald en 1906, à Saint Louis, Missouri, celle qu’on surnomme Tumpie dans son enfance préfère aller voir des spectacles de variétés qu’aller à l’école. À 12 ans, grondée pour avoir failli mettre le feu au quartier parce qu’elle dansait trop près de la chandelle qui l’éclairait dans une robe trop grande pour elle qui s’enflamma, elle suggéra: «la prochaine fois, je danserai nue». Déblayeuse de neige, voleuse de charbon, témoin des lynchages racistes, elle se marie à 13 ans. Le mariage ne dure que 24 heures (elle frappe son jeune mari!), mais il légitime en quelque sorte son désir de mener sa vie. Elle commence à danser professionnellement peu de temps après. Son second mariage à l’âge de 18 ans, très éphémère aussi, lui donnera le nom de Baker qu’elle conservera toute sa vie. Lorsqu’elle se fait proposer un engagement à Paris l’année suivante, elle est déjà une vedette à New York. D’ailleurs, les 350 $ par semaine qu’elle obtient est un vrai pactole en 1925.
Si elle chante «J’ai deux amours, mon pays et Paris», le succès et, surtout, la facilité de la vie pour les Noirs dans la capitale française lui enlèvent tout désir de retourner aux États-Unis. Vedette internationale toujours entourée d’hommes célèbres qui succombaient à son charme, Joséphine Baker était une véritable force de la nature. Multimillionnaire, elle donna des spectacles gratuits pour les militaires durant la Seconde Guerre mondiale et s’engagea dans la Résistance. Plus tard, dans les années 1950, elle adoptera une douzaine d’orphelins de divers pays, puis se joindra aux luttes raciales américaines. Elle mourra en 1975 ruinée, mais aimée et admirée.
L’ouvrage costaud de Catel et Bocquet est une charmante biographique en bande dessinée classique, déployée sur 460 pages, auxquelles s’ajoutent en annexes une chronologie des évènements et un résumé biographique de toutes les personnes importantes (et célèbres) ayant peuplé sa vie. Lire Joséphine Baker, c’est se pencher sur une certaine histoire du 20e siècle, mais également découvrir avec délice et plaisir à quel point le meilleur pari est sans doute celui de rester soi-même, coûte que coûte.
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Par Gracieuseté