Les soeurs Boulay au Club Soda de Montréal – Bible urbaine

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Les soeurs Boulay au Club Soda de Montréal

Les soeurs Boulay au Club Soda de Montréal

Ouvrir de grandiose façon la 27e édition de Coup de cœur francophone

Publié le 8 novembre 2013 par Alice Côté Dupuis

Crédit photo : Andréanne LeBel

Un peu plus d’un an après avoir remporté les grands honneurs au concours musical les Francouvertes, qui s’adresse à la relève musicale, Mélanie et Stéphanie Boulay ont prouvé jeudi soir sur la scène du Club Soda, en donnant le coup d’envoi au festival Coup de cœur francophone, qu’elles méritent leur titre de Révélation Radio-Canada chanson 2013-2014 et leurs Félix de révélation de l’année et du meilleur album folk, car elles sont le coup de cœur par excellence de la dernière année.

Elles en auront parcouru du chemin – au sens propre comme au sens figuré – pour en arriver là, et ça paraît. Devant un Club Soda bien rempli, Les sœurs Boulay ont offert une performance non seulement plus peaufinée, mais aussi plus mature, et ce, autant dans les arrangements de leurs chansons, en formule à quatre, que dans leur voix. Il va sans dire que les multi-instrumentistes Laurence Lafond-Beaulne (trombone, claviers, mélodica) et Gabriel Gratton (basse, guitare, percussions, mélodica) apportent carrément les chansons de Le poids des confettis ailleurs. Mais Mélanie et Stéphanie sont aussi à mille lieux des spectacles de leurs débuts: elles reçoivent de l’amour et ça leur donne une assurance belle à voir.

Toujours aussi authentiques, pas le moindre du monde changées par le succès qu’elles vivent, Les sœurs Boulay ont un plaisir véritable à se retrouver sur scène et elles le communiquent facilement, ne serait-ce qu’en envoyant Mélanie entrer sur scène en virevoltant sur elle-même, envoyant un baiser à la volée à la première rangée. D’ailleurs, une série de défis réussis – peut-être davantage encore non relevés – ponctuera la soirée d’éclats de rires et d’explications toutes aussi amusantes les unes que les autres (elles ne savent pas trop ce que signifie «patibulaire», mais Stéphanie a réussi à le caser dans une phrase!) Il ne fait aucun doute, la complicité est au rendez-vous entre les sœurs, mais aussi entre les quatre musiciens, ce qui offre des moments d’une grande beauté.

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Avec la maturité gagnée, Les sœurs Boulay se sont révélées être des interprètes sensibles. Accompagnée de Stéphanie à la guitare, Mélanie a offert de façon fort assumée «Ôte-moi mon linge», se laissant bercer par la musique et se permettant même quelques ralentis dans le refrain. Il a fait du bien de constater cette interprétation un peu plus ad lib dans le spectacle, puisque la formule à quatre permet moins ce genre de libertés. Tout au long de la soirée, quelques chansons ont paru plus ancrées et calculées que sur l’album ou en formule duo, enlevant un peu de charme aux pièces, mais démontrant par le fait même la solidité d’un spectacle bien rodé. Ensuite, c’était au tour de Mélanie d’accompagner une Stéphanie vulnérable lors de «Sac d’école», un numéro émouvant durant lequel les éclairages de Mathieu Roy ont très bien soutenu la musique, comme tout au long de la soirée.

«Au cœur des filles», une chanson présente uniquement sur le mini-album et dont on se demande franchement pourquoi elle a été recoupée du premier opus, a offert aussi un moment de pure magie, tout comme une chanson en anglais, aux sonorités plus country et qui répète «I don’t know» plusieurs fois, en mettant en valeur la voix de Stéphanie davantage que sur n’importe quelle autre chanson. Réunis tous les quatre autour du piano joué par Gabriel Gratton pour interpréter en sublimes harmonies «Our House», le classique de Crosby Stills Nash & Young, les musiciens ont offert le seul cover de la soirée sur les dix-sept pièces interprétées au total.

Presque devenus comme une famille grâce au temps passé ensemble en tournée, Mélanie, Stéphanie, Gabriel et Laurence ont vécu beaucoup de choses, ce qui donne lieu à de nombreuses anecdotes. Si les histoires des sœurs Boulay étaient parfois très longues, elles ont toujours suscités de nombreux rires dans la salle. Car elles aiment se taquiner, les sœurs, comme en témoigne leur chanson «Windshield», qu’on peut entendre uniquement en spectacle, ou encore leur présentation d’une chanson durant laquelle Stéphanie est devenue l’arroseuse arrosée, lorsque Mélanie a dévoilé à son tour un secret de sa sœur. «Bon, bon, les couteaux volent bas! On va jouer de la musique à la place!» s’est exclamée Stéphanie, sourire en coin, avant d’entamer «T’es pas game».

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Malgré la bonne réponse générale du public, quelques chansons ont suscité davantage de réactions dans l’assistance, notamment «Lola en confiture», durant laquelle tout le Club Soda a accompagné Mélanie Boulay en claquant des doigts, ou encore «Par le chignon du cou», qui a fait taper des mains. Mais c’est véritablement «Des shooters de fort sur ton bras», le clou de la soirée, qui a provoqué le plus d’acclamations, pendant que les sœurs interprétaient la chorégraphie d’«Achy Breaky Dance», laissant les spectateurs chantonner.

À la fois amusantes et touchantes, Les sœurs Boulay offrent un spectacle haut en émotions, faisant passer du rire aux larmes. Les éclairages sublimes, les arrangements plus peaufinés, la complicité palpable, les pépins transformés en rires et les histoires abracadabrantes ont fait de ce lancement du 27e Coup de cœur francophone un véritable succès, comme tout ce que touchent Les sœurs Boulay depuis quelque temps.

Catherine Leduc

C’est à Catherine Leduc, la portion féminine du duo Tricot Machine, mais cette fois-ci en projet solo, qu’est revenue la lourde tâche de convaincre une audience qui attendait manifestement Les sœurs Boulay avec impatience. Malheureusement pour elle, ses textes et jeux de mots simples, ainsi que sa voix enfantine beaucoup trop modifiée avec de l’écho, n’ont pas convaincu. Leduc semble vouloir présenter un contenu plus mature que son précédent projet, mais elle modifie sa voix et parle de «polatouche» (un écureuil volant!), un terme qui franchement s’insère mal dans une chanson sérieuse. Si elle semble manquer d’aisance sur scène et ne possède pas un charisme évident, elle a toutefois des anecdotes plutôt amusantes.

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Même si les sonorités folk-pop de la musique de Catherine Leduc sont évidentes, on s’explique tout de même difficilement le jumelage avec les charismatiques sœurs Boulay pour la soirée d’ouverture. Ce n’est qu’avec la touchante «Vendredi Saint», où sa voix a été entendue sans réverbération et où la musique était un peu plus vaporeuse, accompagnée de belles percussions, que l’auteure-compositrice-interprète a su véritablement attirer l’attention du public. Catherine Leduc fera paraître son premier album solo en avril prochain.

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