«Silence Yourself» du quatuor londonien Savages – Bible urbaine

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«Silence Yourself» du quatuor londonien Savages

«Silence Yourself» du quatuor londonien Savages

Attaque nocturne

Publié le 16 mai 2013 par Mathieu St-Hilaire

Crédit photo : www.matadorrecords.com

Savages est un nouveau quatuor féminin venant de Londres qui fait énormément de vagues avec ce premier album intitulé Silence Yourself. On peut parler de nouvelle sensation indie ou même de buzz band,  c’est-à-dire un groupe qui arrive en frappant très fort et dont tout le monde parle. Empruntant judicieusement plusieurs éléments de la sauce post-punk, Savages mérite-t-il toutes les acclamations et les critiques dithyrambiques?

Une simple recherche sur Google images nous donne un très bon aperçu de ce que le groupe peut offrir: photos en noir et blanc, les filles avec des airs froids et sérieux, des clichés sur des paysages urbains, etc. On se croirait à Manchester en 1979. Savages annonce donc clairement ses couleurs et ses intentions: ce ne sera pas de la musique le fun ou légère, mais ça sera très rock. Et pour ça, les filles savent très bien rocker.

L’album débute avec «Shut Up», incroyable chanson qui nous rentre dans le crâne à une intensité fulgurante. L’effet ressemble un peu à ce que Bloc Party nous réservait sur son premier album Silent Alarm (2005). Dès le début, l’enthousiasme s’empare de nous et on salive en suivant le rythme contagieux de la pièce. Une entrée en matière qui décape, il faut bien le dire. Et la voix de Jehnny Beth est un parfait amalgame entre Patti Smith et Siouxsie Sioux. Impressionnant.

«I Am Here», la pièce suivante, est un peu comme si Joy Division reprenait «Feel Good Hit of The Summer» de Queens of the Stone Age. Encore une fois, les filles ne retiennent rien; on se lance à fond dans un post-punk déchaîné. Il y a très peu de moments attendrissants sur le disque, Savages étant évidemment beaucoup plus à l’aise quand les amplis chauffent et que les décibels résonnent. Ceux qui s’attendent à des ballades seront sans aucun doute déçus. Le «punk» du terme post-punk devrait être en majuscules. «Hit Me», à moins de deux minutes, est une véritable chanson coup de poing où Beth implore sans doute son copain de la frapper avec les phrases: «Will you hit me / I’m ready / Oh it’s the only way I ever learn». Savages n’a pas peur de la contestation ou de la controverse et elles s’affirment d’une façon on-ne-peut-plus punk avec un féminisme cru qui n’est pas sans rappeler The Slits.

Le plus grand défaut de Silence Yourself est ses influences évidentes. Outre les groupes mentionnés plus haut, on peut penser à Bauhaus ou Echo & the Bunnymen comme points de repères. «She Will», une des meilleures chansons, aurait pu se retrouver sur le premier album des Yeah Yeah Yeahs. «Husbands» est un curieux mélange entre «Holiday in Cambodia» des Dead Kennedys et «Horses» de Patti Smith. D’ailleurs, la répétition du mot «Husbands» dans le refrain est étrangement très semblable à la répétition du mot «Horses» dans la chanson de Smith. Malgré ces quelques bémols, les pièces conservent tout de même leur authenticité tellement elles sont livrées avec aplomb et vigueur.

Le disque se conclu avec «Marshal Dear», seul morceau où les membres de Savages ralentissent le tempo et ajoutent même du piano et un solo de clarinette. L’ambiance fait un peu penser aux premiers albums du groupe The Cure (notamment Faith en 1981), soit un rythme langoureux parsemé de mélodies mélancoliques.

Dans un court manifeste sur la pochette, les filles de Savages écrivent: «If the world would shut up even for a while / Perhaps we would start hearing the distant rhythm of an angry young tune». Savages demande votre attention et ne passera pas par quatre chemins pour l’exprimer.

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