«Random Access Memories» de Daft Punk – Bible urbaine

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«Random Access Memories» de Daft Punk

«Random Access Memories» de Daft Punk

Ils sont humains après tout

Publié le 6 juin 2013 par Mathieu St-Hilaire

Crédit photo : www.pitchfork.com

Plus de quinze ans après la sortie de son premier album, Homework (1997), Daft Punk nous revient avec un quatrième véritable album studio, le très contagieux Random Access Memories. Contagieux, car une fois inséré dans le lecteur, l’album peut difficilement le quitter. L’impact est instantané et il sera très difficile de trouver une meilleure trame sonore à l’été qui s’en vient.

La nostalgie peut être une bonne ou une mauvaise chose. Elle peut faire que l’on s’apitoie sur son sort, ou bien elle peut nous faire sentir jeune et énergique à nouveau. Sur Random Access Memories, c’est exactement ce que le duo français nous offre: des chansons qui occupent notre corps et notre esprit tout en étant mélodiques, rythmées et surprenantes. De plus, ils se sont entourés d’une véritable équipe d’étoiles pour enregistrer ces pièces.

Impossible de ne pas commencer par «Get Lucky» avec Pharrell Williams, premier single qui rivalise déjà avec «Da Funk» ou «One More Time» en ce qui a trait à la façon dont la chanson nous possède en si peu de temps. Il y en a sans doute qui seront exaspérés tellement la chanson risque de tourner en boucle un peu partout, mais si on cherche un exemple d’un morceau pop frisant la perfection, en voilà un. Toutefois, il serait faux de s’attendre à un disque bourré de chansons du genre.

L’album est un colossal et vibrant hommage à la musique des années 1970 et 1980. On y retrouve de tout: soul, funk, dance, new wave, electro, disco, rock, etc. Et on sent un désir de revisiter les grandes productions musicales de ces décennies, notamment avec «Give Life Back to Music», qui ouvre les hostilités. «Giorgio by Moroder» est un autre coup d’éclat, où l’icône disco y va même d’un monologue inspirant qui retrace l’origine de sa passion pour la musique. Julian Casablancas des Strokes laisse sa trace sur «Instant Crush», chanson pop synthé qui pourrait rivaliser avec les meilleures pièces des Strokes sur leur dernier album.

Malgré une panoplie d’invités, ces derniers ne prennent jamais le dessus sur les compositions et l’esprit que le duo réussit à créer. Un bel exemple est «Doin’ It Right», où Noah Lennox (Animal Collective et Panda Bear) prête sa fantastique voix naïve et enfantine à des voix robotisées et à un rythme saccadé. Daft Punk évite donc un grand piège en laissant les invités entrer dans leur monde plutôt que l’inverse. On ne peut s’y méprendre: ce que l’on écoute est du Daft Punk.

Dans cette lignée de collaborations, c’est probablement celle de l’auteur-compositeur Paul Williams qui s’impose le plus. À plus de huit minutes, «Touch» passe d’une introduction très soul à un incroyable mélange funk-disco où ensembles de cuivres et de cordes coulent merveilleusement bien dans nos oreilles. À mi-chemin, le rythme ralenti, le piano embarque, les cordes jouent comme des hymnes, et les voix, à l’unisson, scandent: «Hold On / If love is the answer you’re home». Il s’agit, sans aucun doute, d’une chanson qui se retrouvera parmi les meilleures de l’année.

Et lorsque «Contact» nous envoie en pleine stratosphère à la toute fin, il est évident que l’on vient de faire un voyage très spécial. Daft Punk a voulu redonner vie à la musique et a réussi, par le fait même, à créer un album que l’on peut savourer, disséquer, analyser et où l’on peut tout même danser et taper du pied à l’infini. La preuve que la musique peut encore rassembler, stupéfier et faire sentir n’importe quel être humain jeune à nouveau.

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