«Mister Funk» de Corey Redekop – Bible urbaine

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«Mister Funk» de Corey Redekop

«Mister Funk» de Corey Redekop

Un roman de zombies où l'intérêt se perd en cours de route

Publié le 27 juin 2013 par Éric Dumais

Crédit photo : Éditions XYZ

Des films de zombies, il y en a des tonnes, mais des romans mettant en scène un zombie doublé d’un talent d’acteur au sommet de sa gloire, c’est chose plutôt rare en littérature. Si l’auteur manitobain Corey Redekop innove dans sa manière d’écrire une satire amusante de la société dans un récit à la base fantastique, force est d’admettre qu’il excelle malheureusement moins dans sa façon de tenir son lecteur en haleine.

Lorsqu’un écrivain prend trop ses aises et qu’il étire la sauce à son maximum, il arrive que son idée, qui avait alors toute l’ambition de devenir l’éclair de génie, tombe dans le piège de la redondance et de la superficialité. Et c’est un peu ce qui est arrivé à Corey Redekop avec ce deuxième roman intitulé Husk dans sa langue d’origine: il nous comble d’ennui au rythme des quelques 400 pages qui accumulent leurs lots de jokes tantôt ludiques, tantôt insipides.

Mais n’allez pas croire que Mister Funk n’est qu’un raté; au contraire, la force de l’auteur réside dans sa capacité à nous plonger dans son univers fantastique qui rejoint un peu les rangs des dernières comédies adolescentes de zombies telles que A Little Bit Zombie de Casey Walker. Comme au cinéma, on se plaît donc ou non à se laisser bercer par un dénouement qui ne récoltera peut-être pas la Palme d’or du meilleur scénario.

D’entrée de jeu, la plume pointilleuse et détaillée de Corey Redekop nous fait rencontrer Sheldon Funk, de son nom de star Gary Jackson, qui se retrouve nu comme un vers sur une table d’autopsie à la morgue du Toronto General, où deux étudiants en médecine se partagent le scalp pour pratiquer l’autopsie sur sa chère personne. Inutile de dire que, comme entrée en matière, l’auteur ne pouvait pas imaginer meilleures présentations entre son protagoniste et son lecteur.

C’est ainsi que nous apprenons en même temps que Sheldon Funk la cause de sa mort récente. Comme tout bon zombie, il est inutile de vous dévoiler l’impact qu’aura son lever du corps sur les deux apprentis médecins, par contre, il est important que vous sachiez que Funk n’est pas une de ces créatures hideuses imaginées par George A. Romero dans son Night of the Living Dead ou cet être infesté par un virus qui court aussi vite que Bruno Surin sur un cent mètres dans 28 Days Later ou le plus récent World War Z.

Pour sa part, Sheldon Funk mange de la chair crue. Il est capable d’articuler quoique très lentement, de déféquer aussi, et il est même en mesure de remplir lui même ses impôts. Il est homosexuel mais ne peut s’engager dans aucune relation, faute d’avoir un membre viril valide. Bien sûr, tous ces détails font de Mister Funk un récit original, dont l’humour est contenu dans les petits détails, mais si l’auteur avait davantage misé sur les premiers jours dans la vie d’un zombie plutôt que de rendre son personnage une super vedette du cinéma idolâtrée par des millions de gens, peut-être aurions-nous ainsi obtenu un livre certes singulier, mais plus accessible, et moins caricatural.

Corey Redekop nous perd avec les multiples personnages occupant le plateau de cinéma et qui, soit dit en passant, ne se démarquent pas tellement par leur originalité, mais nous rejoint au moins avec les visites chez sa pauvre maman Alzheimer qui tient des discours complètement incohérents et qui connaîtra un sort bien peu recommandable. À lire sans grandes attentes, avec une bonne dose de patience et d’ouverture d’esprit.

*Si vous désirez en apprendre davantage sur les zombies, je vous recommande l’étude sociologique Zombies – sociologie des morts-vivants de Vincent Paris, parue aux Éditions XYZ. Cliquez ici pour en savoir plus.

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