«L'équation du temps» de Pierre-Luc Landry – Bible urbaine

LittératureRomans québécois

«L’équation du temps» de Pierre-Luc Landry

«L’équation du temps» de Pierre-Luc Landry

Expérimental et accessible

Publié le 21 mai 2013 par Jean-Francois Lebel

Crédit photo : Druide

Étudiant au doctorat en études littéraires à l'Université Laval, Pierre-Luc Landry s'est permis un certain degré d'exploration avec son premier roman. L'équation du temps, formule réellement utilisée en astronomie, se veut un exercice de genres et de modes narratifs qui n'en perd pas pour autant son accessibilité auprès d'un public moins calé que l'auteur en littérature.

Trois personnages semblables et différents à la fois se partagent la parole. Ariane, errante, qui laisse passer sa vie dénuée d’intérêt. Émile, énigmatique et incompris, cherchant à quitter le lieu où il a grandi. Francis, davantage relié aux deux autres qu’on l’aurait cru au départ, qui cherche et se cherche. Ces trois voyages identitaires permettent à Landry d’aborder l’histoire avec un style de «roman de la route».

Trois parties construisent le roman. La première offre une narration interne où chaque personnage prend la parole en alternance. L’histoire y est peu fragmentée, permettant ainsi d’installer solidement le roman. La narration y est une réussite, car les narrateurs se distinguent dans leur façon de raconter. Par exemple, dès que l’on revient à Francis, le changement d’attitude et de vocabulaire est évident, la maturité transparaît même si le personnage est caché derrière le même «Je» que l’était Ariane et Émile.

L’auteur reprend un narrateur omniscient pour la seconde et la troisième partie, où il sépare cette fois l’histoire selon le moment de la journée (matin, après-midi, soir, nuit) puis selon le lieu (Montréal, Québec, Vancouver). La fragmentation dont se sert Landry s’avère généralement utile. Coupant les histoires à des moments-clés dignes des fameuses pauses publicitaires de 30 secondes, il garde le lecteur captivé tout en donnant à L’équation du temps un caractère de page turner.

Rappelant le réalisme de Camus dans sa façon de relater en détails le quotidien des protagonistes, Pierre-Luc brille aussi par le contemporain de ses références littéraires (Jacques Poulin, Michel Marc Bouchard, Anne Hébert) et musicales (Regina Spektor, Jean-Pierre Ferland, Janis Joplin). Malgré la construction éclectique et l’aspect expérimental, ce premier roman se dévore et place son créateur parmi la nouvelle génération d’auteurs à surveiller.

L'avis


de la rédaction

Vos commentaires

Revenir au début