«Jérôme Minière danse avec Herri Kopter» – Bible urbaine

MusiqueCritiques d'albums

«Jérôme Minière danse avec Herri Kopter»

«Jérôme Minière danse avec Herri Kopter»

Une musique faite maison pour nous faire danser avec les robots

Publié le 23 avril 2013 par Isabelle Lareau

Crédit photo : La Tribu

Herri Kopter a lancé son quatrième album mardi passé, le dixième en carrière pour Jérôme Minière. Comme il le souhaitait, cet opus se distingue du précédent, Le vrai le faux, sorti en 2010 sur l’étiquette La Tribu, tant sur le plan de la musique qu’au niveau des paroles. L’atmosphère aussi est très différente.

Ce disque est moins pop et beaucoup plus à saveur house, techno et électronique, la voix de Jérôme Minière y est moins présente, et on remarque plusieurs pièces instrumentales, telles que les extraits «Pièces Jointes» et «Hypermaison».

Cet enregistrement laisse un peu moins d’espace à Jérôme et bien plus à Herri et ses robots, qui eux, veulent danser. L’intonation est beaucoup plus joyeuse et les rythmes sont davantage groove. Les textes sont plus légers, le questionnement repose sur la thématique des machines et de leurs rôles dans notre vie, plutôt que sur les sentiments humains. En effet, il ne s’agit pas de musique sombre et délicate, accentuée des textes poétiques soulignant la désolation, style que Minière interprète avec brio. Cette fois-ci, c’est plutôt l’album que vous aurez envie d’écouter avant de sortir le soir, pour aller danser. La musique est chaleureuse et ne présente aucunement le caractère aseptisé que l’électronique peut parfois évoquer.

En entrevue, il a dit s’être inspiré des sons électroniques des groupes Happy Mondays et Kraftwerk (années 80) ainsi que des chansons house de Deee-Lite et du duo techno Daft Punk (années 90). Ce voyage dans le temps est perceptible sans pour autant causer d’ombre à ce disque, nous n’avons pas l’impression qu’il les a claqués, mais bien qu’ils ont été une source d’inspiration.

Bien qu’il fasse un rapprochement entre la musique d’Herri Kopter et celle de Daft Punk, ses compositions sont plus organiques, on sent en effet que les robots n’ont pas eu le dernier mot; on perçoit la sensibilité de Jérôme, les mots sont véritablement les siens, spécialement quand il chante «Quelque chose de rectangulaire», qui est une observation sur le sentiment de solitude lorsque nous sommes entourés, émotion que l’on tente de compenser avec l’utilisation à outrance d’un appareil technologique intelligent. La reprise de la chanson «Elvire», de Jean Fauque et du regretté Alain Bashung, laquelle est tout à fait méconnaissable, vaut la peine d’être écoutée.

Jérôme Minière voulait également incorporer des voix féminines sur cet enregistrement et force est de constater que les duos sont particulièrement réussis, que ce soit «We Machinize» avec Frannie Holder (la magnifique voix derrière Random Recipe, qu’il avait rencontrée lors d’un spectacle), «Le Datamour» avec la douce et jolie voix d’Alice and the Intellects (qu’il a contactée par le biais d’Internet) et «Musique automatique» avec la puissante Dawn Cumberbatch, avec qui il avait eu l’occasion de travailler sur Le vrai le faux,  une équipe, bref, qui a vu le jour après qu’ils se soient croisés à la garderie où vont leurs enfants.

Sur cette offrande, il a retrouvé le goût de la musique dansante qu’il avait perdu en cours de route. Bien que le retour d’Herri Kopter était planifié, Jérôme a éprouvé de la difficulté à se remettre dans la peau de ce dernier (une biographie est disponible sur: http://www.herrikopter.com/default2.asp). Cela a représenté un défi de taille puisque ses attentes personnelles étaient hautes. Il a réfléchi longtemps avant de décider comment s’orienter pour cette parution, même qu’il a longuement hésité entre l’idée de créer de la musique ambiante ou d’aborder ce projet sous l’angle de l’environnement. Il admet que le naturel est revenu malgré tout, et c’est tant mieux, car c’est son empreinte singulière qui constitue la force de sa musique.

L'avis


de la rédaction

Vos commentaires

Revenir au début