«Fille à vendre» de Dïana Bélice – Bible urbaine

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«Fille à vendre» de Dïana Bélice

«Fille à vendre» de Dïana Bélice

Lever le voile sur l'enfer

Publié le 15 juillet 2013 par Audrey Neveu

Crédit photo : Mortagne

Passer d'une adolescence bien normale à l'enfer de la prostitution et des gangs de rue: Fille à vendre promet de briser les tabous et va droit au but. Dïana Bélice lève le voile sur l'exploitation sexuelle des jeunes filles, dont la triste histoire continue de se perpétuer même au Québec, dans ce roman issu de la collection Tabou des Éditions de Mortagne.

Leïla est une adolescente bien normale de quinze ans, dont la vie amoureuse et familiale bat de l’aile. Du jour au lendemain, son monde s’effondre lorsqu’elle apprend que son copain la trompe. En fugue, le beau Jonathan la prend sous son aile et lui fait vivre la vie de rêve. Le rêve de toute jeune fille, mais qui ne se doute pas qu’elle vient de mettre le premier pied en enfer.

Inspirée d’histoires vraies, celle de Leïla choque par la vitesse à laquelle celle-ci abandonne son identité pour celle de Butterfly. Alors que quatre mois plus tôt Leïla s’inquiétait au sujet de sa virginité, Butterfly vend son corps dans un hôtel miteux pour avoir sa dose quotidienne de drogue de Jonathan, alias Young Gun. La descente aux enfers de la jeune fille innocente donne des frissons dans le dos, surtout parce que le lecteur sait que son parcours est empreint de vérité

Fille à vendre promet de briser les tabous et réussit là où plusieurs échouent: susciter la réflexion et conscientiser. L’exploitation sexuelle, sujet trop peu discuté au Québec, est décrite avec aucune envie de faire dans la dentelle, mais de braquer une lumière crue sur ce monde où les proxénètes embobinent des victimes vulnérables.

Plus que l’attitude de Young Gun, c’est celle des autres filles du gang qui renverse. Des jeunes femmes à peine plus âgées que Leïla, aux prises dans le même tourbillon infernal, qui en recrutent d’autres pour garnir leurs rangs où la chair fraîche est toujours recherchée. Leur machisme renverse et choque.

Fille à vendre se lit d’une traite, absorbe par son histoire triste et enlevante, crève-cœur par moments. Certaines scènes sont crues et donnent envie de détourner le regard, bien que les yeux soient rivés sur les pages sans se détacher. Dïana Bélice ne lisse pas les passages sombres, mais sait rendre par sa plume une dignité aux jeunes filles empêtrées dans les gangs de rues, qui vivent trop souvent des expériences traumatisantes.

Sans être moralisateur, ce roman est un avertissement en grandes lettres rouges aux jeunes filles avec de grands rêves, mais qui dit, continuez de rêver. Fille à vendre fait partie de ces livres qui bousculent vos pensées quotidiennes et provoque une réflexion des jours durant dans votre tête. Un passage obligé et pas seulement pour les jeunes filles.

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