«Deschambault» d'Yves Roby et Francine Roy: portrait d'un village québécois tricentenaire – Bible urbaine

Littérature

«Deschambault» d’Yves Roby et Francine Roy: portrait d’un village québécois tricentenaire

«Deschambault» d’Yves Roby et Francine Roy: portrait d’un village québécois tricentenaire

Publié le 10 juillet 2013 par Evelyne Ferron

Bien qu’il ne s’agisse pas du premier village de l’histoire du Québec à célébrer son 300e anniversaire, Deschambault méritait, de par sa situation géographique particulière par rapport au fleuve St-Laurent et sa position centrale entre Québec et Trois-Rivières, qu’on raconte de façon détaillée son histoire. Voilà donc ce que nous proposent Yves Roby et Francine Roy, deux historiens intéressés à transmettre l’histoire du Québec de diverses manières, soit un parcours chronologique et thématique de l’histoire de ce village de la région portneuvoise.

La parution de cet ouvrage coïncide avec les célébrations du 300e anniversaire de la municipalité à l’été 2013, qui avait été baptisé au départ Saint-Joseph de Deschambault et que nous connaissons aujourd’hui sous le nom de Deschambault-Grondines, ayant fusionné avec la petite municipalité voisine qui doit son nom au grondement des eaux du fleuve sur les rochers. Il existe bien un autre livre sur les grandes lignes de l’histoire de ce village, soit «Deschambault, sur le fil du temps (Éditions Va Bene) mais il est très bref et date de 2002. Une mise à jour plus exhaustive s’imposait et le pari est non seulement réussi, mais le résultat se matérialise en un ouvrage de référence très bien documenté.

Qui de mieux pour en rédiger le préface qu’un de ses plus célèbres paroissiens et de son propre aveu, cousin d’une des auteurs, soit le cinéaste Denys Arcand? Si vous passez par Deschambault, vous aurez par ailleurs tôt fait de remarquer que ce nom de famille y est très répandu! De par son objectif historique, le livre suit un parcours chronologique divisé en chapitres. Les auteurs nous font commencer avec la période française, soit l’époque de la Nouvelle-France (1640-1763) et nous expliquent notamment l’histoire de François de Chavigny, premier seigneur de cette localité, et l’évolution de la seigneurie, cartes et images à l’appui, jusqu’à la fin de la guerre de Sept Ans, qui allait bouleverser le destin des Canadiens-Français. On apprend certes l’histoire géographique et politique de Deschambault, mais les auteurs ont ponctué le chapitre d’anecdotes et de détails sur la vie rurale et la population à cette époque.

Dans un deuxième temps, ils mettent en lumière le choc de la guerre de Sept Ans (1756-1763) dans le village, dont le cœur est situé sur le cap face au fleuve, ce qui en avait fait une cible directe des bombardements anglais pendant la guerre. Les conséquences psychologiques et économiques nous apparaissent comme indéniables. Mais la vie finit par reprendre son cours et les auteurs s’intéressent à l’évolution du village jusqu’à la révolution des Patriotes, mettant en lumière les divers facteurs de transformation de la vie rurale deschambaultienne et ponctuant toujours leurs propos d’anecdotes, entre autres sur le foulage de la laine et comment ont obtenait la mythique flanelle! «Quand la laine est filée très fine, tissée lâchement, elle donne de la flanelle; filée plutôt gros brins et tissée serrée, elle donne de l’étoffe.»

De petite communauté rurale dont la vie était essentiellement réglementée par les travaux agricoles et le calendrier religieux, Deschambault se modernisera à l’époque industrielle, qui est un autre volet abordé dans cet ouvrage. En plus de cet univers agricole, sa situation géographique à un endroit particulièrement difficile à naviguer du fleuve St-Laurent fera en sorte que la municipalité fournira près de 70 % des pilotes de navires du fleuve au cours du 19e et au début du 20e siècle!

Des transformations subies par le clergé local au gré des changements sociaux au cours du 20e siècle, miroir local de mutations d’échelle provinciale, aux modifications politiques et administratives liées à la gestion des communautés rurales au Québec, cet ouvrage permet de voir à travers l’histoire de Deschambault un grand pan de l’histoire du Québec.

Bien documenté, bien appuyé de notes et de références variées, riche en cartes et photographies d’époque, il est incontestablement un ouvrage de référence important pour ceux et celles qui s’intéressent un tant soit peu à l’histoire des communautés villageoises du Québec. Il n’est cependant pas à la portée de tous, ayant conservé un style très universitaire, présentant beaucoup de données statistiques et géographiques qui en font certes la richesse documentaire, mais qui alourdissent la lecture pour ceux et celles qui ont plutôt envie de lire une «histoire». Mais n’est-ce pas là toujours le défi de tels ouvrages? La présence de petites rubriques anecdotiques fort intéressantes vient cependant adoucir les données plus académiques, humanisant du même fait le propos historique.

Si les célébrations du 300e anniversaire du village de Deschambault vous intéressent, vous pouvez suivre l’horaire des activités ici: http://www.deschambault-grondines.com/deschambault.asp?no=1.

Appréciation: ***½

Crédit photo: Les Éditions du Septentrion

Écrit par: Evelyne Ferron

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